FCF / ‘’PST’’ : PASCAL LAFLEURIEL : « Aujourd’hui nous sommes à peu près 800 éducateurs formés sur l’étendue du territoire à plusieurs niveaux ».
Le chef de projet du PROGRAMME DE SOUTIEN TECHNIQUE à la faveur de la fédération Centrafricaine de football initié par la FIFA avec l’assistance technique de la Fédération Française de Football, revient sur les contours de ce projet qui fait déjà beaucoup du bien au développement du football local. A dix mois de son terme l’expert Fifa salue les réalisations faites d’un point de vue quantitatif et qualitatif.
Q : Présentez-vous à nos lecteurs
R : Je suis PASCAL LAFLEURIEL, je suis le chef du projet d’un programme de soutien technique. Ce programme c’est une collaboration entre la FIFA, La Fédération Française de Football et la Fédération Centrafricaine de Football. Ce programme de soutien technique permet de mettre en place un certains nombres d’actions pour développer les différents axes du développement du football en Centrafrique.
Q : Est-ce que on peut avoir en filigrane le contenu de ce programme de soutien technique
R : oui, ce programme il est en direction de la détection et le perfectionnement des talents, c’est ce que nous voyons derrière nous actuellement : c’est-à-dire la mise en place de la détection et d’un accompagnement des talents. Là nous sommes partis sur des douze ans et de treize ans. Sur Bangui dix centres de perfectionnement ; vingt jeunes détectés, repérés qui travaillent chaque semaine avec un encadrement de la fédération et nous commençons à le déployer sur l’intérieure du pays notamment à Bambari et nous allons aller maintenant que la sécurité nous est permis. Nous allons aller plus loin. Bon ca c’est le premier axe du programme. Deuxième axe évidemment pour former des joueur il faut former des entraineurs.
Donc le deuxième axe de développement c’est la formation des entraineurs et également en collaboration avec la FFF, nous mettons en place une formation pour former ceux qui formeront les entraineurs demain après le PST dans le cadre de l’héritage et nous mettons aussi en place des formations d’entraineurs en collaboration avec la CAF puisque nous sommes régis sous celle-ci et les licences CAF de la fédération. Donc ca c’est le deuxième axe, c’est un axe très important c’est même indispensable. Il est inimaginable de pouvoir mettre en place des choses si on ne forme pas les cadres à tous les niveaux.
Troisième axe c’est le développement de la base, faire en sorte que un maximum de petits garçons et filles jouent au football sur tout le pays, au travers des manifestations que nous organisons sur Bangui et à l’intérieure du pays ou nous regroupons un maximum de petits garçons et de petites filles pour pratiquer le football. C’est de cette masse que nous allons aller demain vers l’élite. Nous avons aussi un axe en direction du développement du football féminin qui est commun aux trois premiers que je vous ai cité c’est-à-dire qu’on forme aussi un encadrement féminin, nous détectons des jeunes filles pour faire demain nos sélections féminines et lorsque nous sommes en place sur le développement de la base nous avons une attention particulière au développement du foot chez les petites filles et notamment dans le foot en milieu scolaire, c’est notre entrée. Le monde scolaire est notre entrée sur le football de base. Et tout ca pour que ca fonctionne, il nous faut des infrastructures et des structures, donc le programme de soutien technique vise aussi à mettre en place des structures comme celle que nous voyons ici dans laquelle nous sommes : le centre technique, demain nous aurons un centre technique féminin de l’autre cote de la ville, qui accueillera spécifiquement les filles pour le développement du football féminin.
Dernier axe en terme de structuration c’est la mise en place d’une direction technique nationale performante et autonome qui soit demain après le Programme De Soutien Technique en capacité à faire perdurer toutes les actions que nous mettons en place aujourd’hui.
Q : Alors ca fait près de quatorze mois que vous êtes ici à Bangui dans le cadre de ce projet, il reste quasiment six mois avant de le boucler, à votre niveau qu’est ce qui est fait concrètement ?
R : Alors on a plusieurs indicateurs : on a les indicateurs quantitatifs je vais commencer par cela. Aujourd’hui nous sommes à peu près 800 éducateurs formés sur l’étendue du territoire à plusieurs niveaux : c’est-à-dire des éducateurs formés pour l’accueil des plus jeunes à la base jusqu’à la licence B Caf qui se déroule en ce moment et qui accueille plutôt nos entraineurs d’élites, même s’ils devaient avoir la A CAF ils ne l’ont pas encore mais il faut bien passer par la B. Donc en fait on a plus de 800 éducateurs à ce jour qui sont formés. Nous avons deux niveaux de formation toutes formations confondues : Que ce soit la formation des instructeurs, la formation spécifique en direction des instituteurs et des institutrices qui mettent en place le football dans les écoles, des formations en direction des entraineurs déjà diplômés dans le cadre de nos formations en continue et nos formations initiale comme je viens de le dire pour accéder aux licences B,C,D et A demain. Donc ca c’est quantifié. Un autre élément quantifié en terme de détection des jeunes joueurs nous avons vu à peu près 3000 petits sur Bangui et les territoires à l’intérieur du pays ou nous sommes allés. 3000 petits que nous avons observés à partir desquels des quels nous avons pu détecter près 300 jeunes : 12 et 13 ans, garçons et filles avec qui nous travaillons. Donc ca ce sont des chiffres, maintenant en terme de d’indicateurs plutôt qualitatifs, on perçoit quand même une qualité meilleure dans le déroulement de nos compétitions, quand nous allons voir nos compétitions nationales U15, U 17 et U 20 et le championnat ligue 1 et 2 et féminin, on voit un niveau de jeu qui s’est amélioré avec une qualité de jeu que l’on perçoit. L’autre indicateur, aujourd’hui nous jouons avec 80-90% de locaux avec l’équipe nationale et même si nous ne gagnons pas encore, nous avons des performances qui sont nettement intéressantes. Nous avons battu le Nigéria y’a pas très longtemps avec une équipe quasiment composée 90-95% de locaux. Donc, je dirai qu’après quatorze mois on commence à voir les effets, mais vous savez un tel travail se mesure à plus longue échéance, comme le dit souvent le président de la fédération, ca ne sera que dans trois ou quatre ans que nous pourrons être véritablement capable de mesurer l’avancée et au travers de nos équipes nationales dans les compétitions internationales. Particulièrement, moi j’ai hâte de voir le prochain CHAN parce que c’est cette compétition qui va nous permettre de mesurer le travaille que nous avons réalisé.
Q : Aujourd’hui nous avons un tournoi qui a eu lieu dans ce centre technique regroupant dix équipes issues de ces différents centres de perfectionnement, alors c’est quoi le bien fondé d’un tel regroupement puisque nous somme rendus à la 5ème édition ?
R : Nous faisons ca mensuellement, chaque mois nous mettons en place un regroupement, en fait là on a les dix, mais c’est cinq le samedi et cinq le dimanche pour faire s’opposer ces centres de perfectionnement sur effectif réduit sur demi terrain. L’objectif c’est de mesurer le travail qui est réalisé tout le long de la semaine, de voir comment les garçons et les filles se comportent dans la compétition, quels sont les acquis, comment ils sont dans le jeu, la qualité de jeu qu’ils nous proposent de façon à pouvoir mesurer notre travail, je répète et éventuellement ajusté le travail de la semaine pour voir ce qui manque encore, ce sur quoi nous devons mettre l’accent. C’est aussi un moment de compétition, parce qu’il ya pas de formation du joueur sans compétition, elle fait partir de la formation du jeune joueur, on n’imagine pas former les joueurs sans leur proposer des compétitions. Je tiens d’ailleurs qu’en RCA c’est ca le point fort, car il y’a les compétitions sur pratiquement toutes les catégories : U15, U17 et U20, senior masculin et féminin ca c’est vraiment important. Ce moment là c’est aussi de mettre les jeunes dans une situation de stress de compétition pour les préparer demain à jouer les compétitions et être en même de gérer leurs émotions, car là il ya un peu d’émotions : y’a beaucoup de monde, les gens les regardent et ca, ca fait partir du travail qui est intéressant.
Q : on finira par là, quelles sont vos rapports avec la fédération locale qui vous accueille ?
R : Moi je me sens bien ici, j’ai a mon sens une très bonne relation que ce soit avec la direction technique nationale avec qui je suis tous les jours ou avec le Comex avec qui nous avons très régulièrement des échanges , je pense que les choses se passent bien dans un contexte qui n’est pas facile , il faut aussi le dire. La RCA revient des moments compliqués, nous n’avons pas de structures il faut que les centrafricains qui jouent au foot retrouve l’espoir et l’envie de gagner et de prendre du plaisir au travers du jeu. Donc dans un contexte qui est quand même pas toujours très facile, nous avons à notre rythme et je trouve que la relation que nous entretenons, c’est-à-dire nous les expert français qui venons et les gens qui sont sur place au quotidien qui travaille ici, je trouve que c’est plutôt une bonne relation.
Propos recueillis par Fabrice Ndoum
Envoyé spécial à Bangui