De violents combats se poursuivaient, lundi, en Éthiopie, entre l’armée nationale et les forces rebelles du Front de libération du peuple du Tigré, alors que ces derniers ont affirmé avoir pris le contrôle d’un carrefour stratégique du nord du pays.
À un carrefour routier stratégique, les combats font rage entre forces éthiopiennes et rebelles tigréens autour de la ville de Kombolcha, ont rapporté des habitants, lundi 1er novembre, au lendemain de l’annonce par les rebelles de la prise de cet axe essentiel du nord de l’Éthiopie.
Les combattants du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF) ont affirmé, dimanche, s’être emparés de Kombolcha, après avoir revendiqué la veille la prise de la ville voisine de Dessie.
Ces deux villes voisines de l’Amhara, au sud du Tigré, sont situées à un carrefour routier stratégique à environ 400 kilomètres au nord de la capitale éthiopienne Addis Abeba et 300 km à l’ouest de Djibouti.
Si leur prise se confirmait, elle marquerait une nouvelle étape majeure dans ce conflit qui dure depuis un an.
Les communications sont coupées dans une grande partie du nord de l’Éthiopie et l’accès des journalistes est restreint, rendant pratiquement impossible toute vérification indépendante des informations données par les deux parties.
Lundi, des habitants de Kombolcha, joints par l’AFP, ont raconté avoir entendu des coups de feu sans interruption jusqu’au petit matin, certains affirmant avoir entendu une frappe aérienne.
“La nuit a été marquée par de nombreux coups de feu”, a déclaré Mohammed, qui, comme d’autres habitants, a refusé de donner son nom de famille pour des raisons de sécurité. “J’ai entendu une frappe aérienne après minuit en dehors des frontières de Kombolcha”, a-t-il ajouté.
Hamdiu, un commerçant, a lui aussi déclaré avoir entendu ce qui ressemblait à une frappe aérienne vers minuit, en plus “d’énormes coups de feu (…) jusqu’à ce matin”.
Ces dernières semaines, l’armée éthiopienne a mené des bombardements aériens sur le Tigré. Mais “il n’y a pas eu de frappe aérienne sur Kombolcha durant la nuit”, a déclaré, lundi, à l’AFP une porte-parole du gouvernement.
L’AFP n’a pu joindre des habitants de Dessie, où des combats ont été rapportés dimanche.
Les États-Unis “alarmés”
“Les États-Unis sont alarmés par les informations faisant état de la prise de contrôle” des deux villes par le TPLF, a écrit, lundi, sur Twitter, le secrétaire d’État américain, Anthony Blinken, en appelant “toutes les parties (à) cesser les opérations militaires et entamer des négociations de cessez-le-feu sans conditions préalables”.
Débuté en novembre 2020, le conflit du Tigré connaît un spectaculaire revirement de situation depuis juin.
Le Premier ministre, Abiy Ahmed, prix Nobel de la paix 2019, avait proclamé la victoire le 28 novembre, quelques semaines après avoir envoyé l’armée au Tigré pour destituer les autorités régionales dissidentes, issues du TPLF.
Mais les rebelles ont repris la majeure partie de la région en juin, forçant les troupes gouvernementales à se retirer largement. Ils ont poursuivi leur offensive dans les régions voisines de l’Amhara et de l’Afar.
Le porte-parole du TPLF Getachew Reda – qui a menacé en juillet de “marcher sur Addis Abeba (…) pour défendre le Tigré” – a déclaré, dimanche, sur Twitter, que le TPLF n’avait “d’autre motivation que de briser le siège meurtrier” sur la région, en proie à une grave crise humanitaire.
Les douze mois de conflit, marqué par de nombreux récits d’exactions sur les civils, ont notamment poussé 400 000 personnes au bord de la famine au Tigré, selon l’ONU.
La propagation des combats en Afar et Amhara a déplacé des centaines de milliers de personnes et étendu encore la détresse humanitaire. En septembre, les autorités amhara estimaient qu’au moins 233 000 civils fuyant l’avancée rebelle avaient trouvé refuge à Dessie et Kombolcha.