Le Parti des peuples africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI) pourrait devenir l’une des principales forces d’opposition au côté du PDCI, de l’ex-président Henri Konan Bédié.
L’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo a officiellement lancé, dimanche 17 octobre, son nouveau mouvement, le Parti des peuples africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI), concrétisant son retour sur la scène politique après dix ans d’absence.
Dans une allocution de plus d’une heure devant plusieurs centaines de militants, l’ex-chef de l’Etat est longuement revenu sur ses années d’incarcération à La Haye (2011-2019) et les poursuites pour crime contre l’humanité engagées par la Cour pénale internationale (CPI), dont il a été finalement acquitté l’an dernier. « Je ferai de la politique jusqu’à ma mort ! », a-t-il assuré, sous une ovation.
Dans la nuit de samedi à dimanche, Laurent Gbagbo avait sans surprise été élu à la tête du PPA-CI par une acclamation des quelque 1 600 congressistes présents à Abidjan. « On s’est demandé : qui va diriger le parti ? On a cherché… et on a trouvé », a ironisé le président du congrès, Sébastien Dano Djédjé, sous les rires et les applaudissements. Le logo du mouvement – deux mains entrelacées dans une carte de l’Afrique – a ensuite été officialisé, symbolisant la visée panafricaine du nouveau parti et de son leader.
« Regardez le monde et voyez quels sont les puissants : ce sont les pays grands de taille, la Chine, les Etats-Unis, la Russie, le Canada. Tant que nous sommes dans des micro-Etats, nous ne sommes rien. Il faut que les Etats africains s’unissent ! », a affirmé Laurent Gbagbo, faisant allusion aux Etats-Unis d’Afrique, un concept maintes fois évoqué mais jamais concrétisé. Des représentants politiques d’une douzaine de pays africains étaient présents lors du congrès.
L’absence remarquée de Simone Gbagbo
Une majorité des cadres du Front populaire ivoirien (FPI), l’ancienne formation de Laurent Gbagbo désormais aux mains de l’ex-premier ministre Pascal Affi N’Guessan, ont rallié le PPA-CI. Une absence a cependant été remarquée dimanche, celle de Simone Gbabgo. En déplacement en République démocratique du Congo (RDC), l’ex-première dame, dont Laurent Gbagbo a récemment demandé le divorce, chercherait à tracer son propre chemin politique.
Le nouveau parti pourrait devenir l’une des principales forces d’opposition, avec le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), de l’ex-président Henri Konan Bédié. Son manifeste mentionne le « recul évident des acquis démocratiques dans le pays » et critique notamment « la dépendance financière » aux puissances étrangères. Samedi, le numéro deux du parti au pouvoir, Adama Bictogo, présent à la tribune du congrès du PPA-CI, a lancé un message d’apaisement, estimant que la jeune formation « viendra renforcer la vitalité démocratique » en Côte d’Ivoire.
L’élection présidentielle de 2025 est déjà dans toutes les têtes. Laurent Gbagbo envisage-t-il de se porter candidat ? « A cet âge-là, après ce parcours-là, la sagesse c’est de se décider à partir. Mais j’ai décidé que je ne partirai pas brusquement… », a-t-il déclaré dimanche. L’exécutif envisage d’introduire une limite d’âge à 75 ans pour se présenter. Le chef de l’Etat, Alassane Ouattara, et ses prédécesseurs, Laurent Gbagbo et Henri Konan Bédié, seraient alors empêchés de concourir.
Source: Le Monde