Le président dit ainsi sa volonté de favoriser l’ouverture d’un « dialogue républicain », promis après sa réélection mais qui n’a toujours pas vu le jour.
Le président centrafricain, Faustin-Archange Touadéra, a décrété, vendredi 15 octobre, un « cessez-le-feu unilatéral » de son armée et ses alliés dans leur guerre contre les rebelles. Il a assuré que l’ennemi avait fait de même, à l’exception de deux importants groupes armés. Plusieurs accords de cessez-le-feu et de paix ont été signés ces dernières années, mais aucun ne s’est révélé pérenne.
« Je viens vous annoncer ce soir la fin des opérations militaires sur l’ensemble du territoire national, à compter de ce jour à minuit », a annoncé M. Touadéra à la radio d’Etat, ajoutant : « Le cessez-le-feu unilatéral immédiat est la démonstration (…) de ma ferme volonté de privilégier la voie du dialogue. »
La Centrafrique est le théâtre d’une guerre civile depuis 2013. Les combats ont considérablement baissé d’intensité depuis trois ans. En décembre 2020, une partie des groupes armés qui occupaient alors plus des deux-tiers du pays, regroupés au sein de la Coalition des Patriotes pour le Changement (CPC), ont lancé une offensive pour empêcher la réélection de M. Touadéra.
« Une bonne partie du territoire national » reconquise par Bangui
Celui-ci a alors sollicité Moscou et Kigali, qui ont dépêché des centaines de paramilitaires russes et de soldats rwandais à la rescousse d’une armée centrafricaine démunie. Grâce essentiellement à ce soutien, elle a, depuis, reconquis toutes les grandes villes et repoussé les rebelles dans les forêts. Ces derniers multiplient cependant les attaques furtives ces dernières semaines, loin de la capitale, Bangui, malgré la présence de 12 000 casques bleus de la Minusca, la force de maintien de la paix de l’ONU déployée dans le pays depuis 2014.
« Les forces armées centrafricaines, appuyées par les forces alliées russes et rwandaises, ont pu repousser les assauts de la CPC et reconquérir une bonne partie du territoire national », a affirmé M. Touadéra vendredi. Le président a justifié ce cessez-le-feu par la recherche de l’« apaisement » pour favoriser l’ouverture d’un « dialogue républicain », promis après sa réélection il y a dix mois, mais qui n’a toujours pas vu le jour.
« Les principaux leaders de la CPC, à l’exception de Noureddine Adam et Ali Darassa (…) ont signé l’engagement de cesser toute action armée sur le territoire national », a affirmé M. Touadéra. Noureddine Adam et Ali Darassa sont respectivement les chefs du Front Populaire pour la Renaissance de la Centrafrique et de l’Unité pour la paix en Centrafrique (UPC), deux des principaux groupes armés du pays. L’UPC a cependant quitté la CPC en avril.
« Nous respectons le cessez-le-feu mais (…) restons sur des positions défensives, si on nous attaque, nous nous défendrons », a annoncé par téléphone à l’Agence France-Presse (AFP) Abakar Sabone, porte-parole militaire de la CPC. « Si Touadéra considère que nous ne faisons pas partie du cessez-le-feu, ce n’est pas grave. On va continuer nos actions jusqu’à ce que nous trouvions une solution », a commenté auprès de l’AFP Ousmanou Bi Mohamadou, porte-parole de l’UPC.
La guerre civile avait éclaté en 2013 après un coup d’Etat contre le président François Bozizé. Des combats sanglants avaient suivi entre la coalition de groupes armés l’ayant renversé, la Séléka, à majorité musulmane, et des milices rassemblées par le chef de l’Etat déchu, les anti-balaka, dominées par les chrétiens et les animistes.
Ce conflit a culminé entre 2014 et 2015 avec des milliers de morts, et Séléka et anti-balaka – qui forment encore la plupart des groupes armés actuels – ont été accusés de crimes contre l’humanité par l’Organisation des Nations unies. M. Bozizé est aujourd’hui à la tête de la CPC.
Source: Le Monde