Le président rwandais Paul Kagame est arrivé ce vendredi 24 septembre dans le nord du Mozambique, pour une visite de deux jours. C’est la première fois qu’il se rend dans le pays depuis l’envoi, en juillet dernier, d’un millier de policiers et militaires rwandais dans la province du Cabo Delgado pour prêter main forte à l’armée mozambicaine dans la lutte contre l’insurrection des jihadistes d’Ansar al-Sunna, communément appelés shebabs.
Vendredi midi, Paul Kagame a rencontré son homologue Felipe Nyusi et les deux chefs d’État se sont adressés à leurs contingents déployés dans la zone. Les deux hommes sont arrivés en tenue militaire au poste de commande de la base navale de Pemba, la capitale de la province du Cabo Delgado. « Les rebelles sont prévenus, nous ne les laisserons pas revenir menacer les vies des Mozambicains », a déclaré Paul Kagame devant environ 200 soldats et policiers.
Aujourd’hui les forces rwandaises assurent avoir réussi à sécuriser une bonne partie du Cabo Delgado. Elles sont postées autour du site gazier de Total, un projet à plusieurs milliards de dollars qui a été interrompu en avril suite à une attaque des shebabs sur la ville voisine de Palma.
Les Rwandais sont également à Mocimboa da Praia, ville reprise le 8 août des mains des jihadistes qui en avait fait leur quartier général. Près de trois mois après le déploiement du contingent, Kigali indique avoir perdu quatre hommes dans les combats et avoir tué au moins une centaine d’insurgés.
La situation sécuritaire reste cependant très volatile dans la province. Pas encore de date pour un éventuel retrait des forces rwandaises, donc : « La mission ne peut pas s’arrêter là, nous devons maintenant continuer à protéger et reconstruire ce pays », a ainsi conclu Paul Kagame.
Villages silencieux et villes fantômes
Le longs des routes du Cabo Delgado : des toits défoncés, des murs en ruine, des véhicules entièrement calcinés. Ici les villages sont silencieux. Sur la côte, Mocimboa da Praia est toujours une ville fantôme, un mois après avoir été reprise aux mains des insurgés par les forces rwandaises et mozambicaines. Seule trace encore visible de la présence des jihadistes qui l’ont occupé pendant près d’un an et qui en avaient fait leur quartier général : des camions abandonnés sont tagués des mots Allahu Akbar.
Mais à une centaine de kilomètre plus loin à Palma, la vie reprend petit à petit, six mois après l’attaque d’ampleur qui avait fuir des dizaines de milliers de personnes. Certains déplacés sont rentrés et au milieu des banques et des supermarchés saccagés, un petit marché a rouvert, des bus recommencent même à circuler. Les forces rwandaises et mozambicaines soupçonnent cependant que des shebabs puissent se cacher au sein de la population. Mais la plupart des insurgés se seraient repliés plus au sud, représentant une menace pour de nouvelles parties de la région.
Source: Rfi