Au Soudan, les réactions suscitées par le coup d’État raté de mardi, attribué par les autorités à des partisans de l’ancien président déchu Omar el-Béchir, jettent une lumière crue sur les fragilités de la transition. Elles illustrent notamment, les divisions qui demeurent entre civils et militaires chargés de la mener à son terme.
En dépit des chants patriotiques diffusés mardi en boucle à la télévision publique, c’est bien les fractures au sein des autorités de la transition soudanaise que ce putsch manqué mettent une fois de plus en lumière.
Dès mardi, le numéro 2 du conseil souverain, le chef paramilitaire Mohamed Hamdan Dagalo, dit « Hemeti » accusait « les politiciens », d’en être indirectement responsables. Mercredi, il a récidivé, lors d’une visite dans un campement militaire, reprochant à ces politiciens d’avoir « négligé les citoyens et les services de base », trop « occupés par leurs luttes de pouvoir », ce qui aurait selon lui « engendré un mécontentement » général et « offert l’occasion » de cette tentative ratée.
Crainte d’une transition qui se rallonge
Sans surprise, le premier ministre Abdalla Hamdok, chef de fil de la composante civile de la transition, fait l’analyse inverse : affaibli par un contexte économique morose, il voit dans ce coup avorté, attribué notamment à des officiers de l’armée, la preuve qu’il est nécessaire de faire avancer l’épineuse réforme du secteur de la sécurité.
Une réforme freinée entre autres par le refus d’Hemeti d’intégrer ses forces de soutien rapide au sein d’une armée sous commandement unifié. Dans ce contexte, la crainte exprimée par plusieurs analystes, est que ce putsch manqué et derrière lui le spectre d’un retour au pouvoir de l’ex-président, ne puisse être utilisée comme un prétexte pour faire durer la transition censée aboutir à un transfert du pouvoir aux civils.
Source: Rfi