Huit villages de la commune de Mangodara, dans la province de la Comoé, au sud-ouest du pays, à la frontière avec la Côte d’Ivoire, ont été désertés par leur population. Depuis environ une semaine des milliers de familles partent trouver refuge à Mangodara, chef-lieu de la commune ou bien de l’autre côté de la frontière. Elles fuient l’insécurité.
« En une semaine, près de 2 000 personnes sont arrivées à Mangodara », explique un notable de la ville. La plupart sont accueillies par des familles. D’autres sont hébergées dans une école. Mais selon une autorité locale, la capacité d’accueil de l’établissement est déjà saturée. « À Mangodara, nous sommes environ 10 000 habitants. Ce n’est pas facile d’accueillir tout ce monde, mais c’est la solidarité qui prévaut », poursuit le notable.
Les habitants des villages alentour fuient les violences qui se sont intensifiées depuis une dizaine de jours. Le vendredi 3 septembre, des individus armés sont entrés dans la localité de Sirakoro pour enlever un homme accusé d’être un « informateur » des autorités.
Dans la nuit du 9 au 10 septembre, à Noumoukiédougou, un volontaire pour la défense de la patrie est assassiné et sa mère blessée. « On croise des hommes armés, parfois ils prêchent dans les villages. On sait que c’est comme ça que ça a commencé dans le nord et l’est du pays », explique un habitant de la région.
Certains villageois ont préféré traverser le fleuve Comoé pour passer en Côte d’Ivoire, car « les gens ont tellement peur qu’ils n’osent plus prendre la route », conclut une autorité locale.
1,4 million de personnes déplacées
Dans un communiqué daté de lundi, l’ONG Norwegian Refugee Council (NRC) alerte sur les nouvelles violences au Burkina et leur impact sur les populations. Le pays compte 275 000 nouveaux déplacés depuis avril. En tout, ce sont désormais plus d’1,4 million de personnes qui sont déplacées dans le pays, majoritairement dans la région du Sahel, dans le nord du pays. Des déplacements de populations qui ont un fort impact sur la sécurité alimentaire des populations.
Depuis avril, on assiste à une recrudescence assez forte de la violence. Une situation très précaire pour les déplacés dans une période, dite de soudure, où les greniers sont quasiment vides. Il n’y a plus grand-chose à manger avant la prochaine récolte. Tout ceci crée un climat extrêmement précaire pour ces déplacés, qui en plus ne bénéficient pas de l’aide humanitaire adéquate.
À l’heure actuelle, les personnes déplacées internes (PDI) sont accueillies dans 274 communes dans les 13 régions du pays. La plupart de ces personnes déplacées ont bénéficié d’une assistance alimentaire qui s’élève à 38 000 tonnes de vivres avec une priorité aux communes en proie à l’insécurité. Plus de 2 milliards de francs CFA ont été également transférés à ces PDI et populations hôtes, selon Laurence Marshall Ilboudo, ministre de la Femme, de la solidarité nationale, de la famille et de l’action humanitaire. Afin d’avoir des chiffres fiables sur le nombre de personnes déplacées internes, le gouvernement entend mettre en place un nouveau système de comptage.
Nous allons travailler à mettre en place la carte PDI. Nous allons donner une carte à chaque chef de famille avec un code barre. En cas de mobilité, ils n’auront qu’à donner ce code barre et seront pris en charge au même titre où ils étaient. Mais il n’y aura plus de doublon sur les listes. Nous aurons des vraies livres fiables.
Source: Rfi