Les forces Tigréennes accusées d’avoir tué une centaine de civils dans un village d’Amhara

Des Éthiopiens déplacés de différentes villes Amhara attendent de la nourriture dans un centre pour personnes déplacées à Debark, dans la région d'Amhara au nord de l'Éthiopie, le 27 août 2021.

Les forces rebelles de la région dissidente du Tigré ont tué 120 civils en deux jours dans un village de la région éthiopienne d’Amhara, ont déclaré mercredi à Reuters des responsables locaux.

Les meurtres dans un village à 10 km de la ville de Dabat ont eu lieu les 1er et 2 septembre, ont indiqué Sewnet Wubalem, l’administrateur local de Dabat, et Chalachew Dagnew, porte-parole de la ville voisine de Gondar.

“Jusqu’à présent, nous avons récupéré 120 corps. Ils étaient tous des agriculteurs innocents. Mais nous pensons que le nombre pourrait être plus élevé. Il y a des gens qui manquent”, a déclaré Sewnet, l’administrateur local, à Reuters par téléphone.

Chalachew, le porte-parole de la ville de Gondar, a déclaré qu’il avait visité la zone d’inhumation du village et que des enfants, des femmes et des personnes âgées figuraient parmi les morts.

Il a déclaré que les meurtres avaient eu lieu pendant la “courte présence” des forces tigréennes dans la région et que celle-ci était désormais sous le contrôle de l’armée fédérale éthiopienne.

Reuters reconnait n’avoir pas été en mesure de vérifier ces affirmations de manière indépendante.

Il s’agit du premier rapport de ce type faisant état de forces du Tigré tuant un grand nombre de civils depuis qu’elles ont pris le territoire d’Amhara. Des dizaines de milliers de personnes ont fui leurs maisons dans la région alors que les forces tigréennes avançaient.

Déni des forces tigréennes

Les forces tigréennes ont ensuite publié une déclaration rejetant ce qu’elles ont appelé une “allégation fabriquée” par le gouvernement régional d’Amhara et niant toute implication dans le meurtre de civils.

Dans leur déclaration, les forces tigréennes ont appelé à “une enquête indépendante sur toutes les atrocités” dans la région.

Témoignage des survivants

Des interviews vidéo fournies à Reuters par le gouvernement de la ville de Gondar indiquent que les villageois ont combattu les forces tigréennes.

Wubet Fekremariam, un homme vêtu d’un vieil uniforme militaire, a déclaré que le village avait mobilisé toute personne capable de combattre les forces du Tigré lorsqu’ils ont entendu qu’ils approchaient.

Nous nous sommes battus pendant cinq jours et ils se sont retirés. Quand ils se sont retirés, ils ont tué notre peuple qu’ils ont trouvé sur leur chemin”, a-t-il soutenu.

Le mois dernier, le gouvernement éthiopien a exhorté les citoyens à se joindre à la lutte contre les forces tigréennes.

La guerre a éclaté il y a 10 mois entre les troupes fédérales éthiopiennes et les forces fidèles au Front populaire de libération du Tigré (TPLF), qui contrôle la région du Tigré.

Depuis lors, des milliers de personnes ont été tuées et plus de 2 millions ont fui leur foyer. Les combats se sont étendus en juillet de la région du Tigré aux régions voisines d’Amhara et d’Afar, également dans le nord du pays.

Règlement d’un vieux conflit entre les Amharas et les Tigréens

Au milieu du conflit, les relations entre les Amharas et les Tigréens se sont fortement détériorées.

Pendant la guerre, les forces régionales et les miliciens de la région d’Amhara ont cherché à régler un différend foncier vieux de plusieurs décennies entre les régions d’Amhara et du Tigré.

Les forces amhara ont pris le contrôle des parties occidentales du Tigré et ont chassé des dizaines de milliers de Tigréens de leurs foyers. Bien que les forces tigréennes aient repris la majeure partie de la région du Tigré, elles n’ont pas repris la zone fortement militarisée et contestée du Tigré occidental.

Accusations de Washington

L’agence d’aide du gouvernement américain a déclaré la semaine dernière que les forces tigréennes avaient pillé ses entrepôts dans certaines parties d’Amhara ces dernières semaines.

L’ONU a déclaré qu’un blocus de facto de l’aide dans la région du Tigré, où quelque 400 000 personnes souffrent déjà de la famine, a exacerbé une crise humanitaire déjà grave.

Le gouvernement éthiopien a nié à plusieurs reprises les allégations de l’ONU et des gouvernements occidentaux selon lesquelles il entraverait délibérément la fourniture d’une aide vitale. Dimanche, un convoi de camions de l’ONU transportant de la nourriture et d’autres aides a été autorisé à entrer dans le Tigré pour la première fois depuis le 20 août.

  Source: Voa Afrique