Alors que le nord de l’Algérie est toujours ravagé par les flammes et que 71 personnes sont mortes depuis le début de la semaine selon le dernier bilan, dans les montagnes de Kabylie, où certains ont tout perdu, les esprits sont chauffés à blanc. Mercredi, un jeune homme a été arrêté, accusé d’être un incendiaire. Il a été lynché par une foule en colère à Larbaâ Nath Irathen.
Une fine moustache et une casquette frappée d’une étoile rouge. La photo de Djamel Bensmaïl, alias Jimmy, s’affiche un peu partout sur les réseaux sociaux algériens, accompagné de messages de condoléances.
Dans une vidéo tournée par une télévision locale, il apparaît pour la dernière fois quelques heures avant sa mort. Venu d’une autre région, il fait partie de ces bénévoles parti aider les sinistrés de Kabylie.
Mercredi, suspecté d’avoir tenté d’allumer un feu, Djamel est embarqué dans un fourgon de police. Mais une foule déchaînée réussit à l’en extraire. Il est battu à mort et brûlé.
« Ca a dégénéré. Il y avait des gens surexcité, il y avait de la colère, de la tristesse... », confie un habitant de Tizi Ouzou.
La paranoïa s’est installée, comme chez cet habitant de Tizi Ouzou : « Certainement, c’était planifié [les feux, NDLR]. Mais c’était pas des gens qui veulent faire des feux juste comme ça... »
C’est aussi ce qu’affirme le Premier ministre, qui dénonce des « incendies criminels ». Le discours des autorités a pu exacerber les tensions.
« Il y a eu des déclarations irresponsables de certains hommes politiques. Des jeunes se sont mis à la recherche de ces pyromanes », déplore Djamel Alilat, journaliste d’El Watan.
Le président algérien a annoncé que 22 incendiaires présumés avaient été arrêtés. La région de Tizi Ouzou est la plus touchée par les dizaines de feux qui se sont déclarés lundi dernier.
Source: Rfi