Les forces rwandaises, déployées depuis début juillet au Mozambique pour prêter main forte à l’armée dans sa lutte contre les jihadistes dans le Nord-Est du pays, ont affirmé dimanche avoir repris le contrôle du port stratégique de Mocimboa da Praia aux insurgés.
“La ville portuaire de Mocimboa da Praia, un bastion majeur de l’insurrection (…), a été prise par les forces de sécurité rwandaises et mozambicaines”, ont déclaré les Forces de défense rwandaises dans un tweet.
Le colonel Ronald Rwivanga, porte-parole de l’armée rwandaise, a confirmé à l’AFP que Mocimboa da Praia “est tombée”.
Située dans la province septentrionale du Cabo Delgado, la ville portuaire, cible de la première attaque jihadiste au Mozambique en octobre 2017, était aux mains des insurgés depuis le 12 août 2020.
Elle était devenue le quartier général de facto des jihadistes locaux, connus sous le nom d’Al-Shabab (“les jeunes” en arabe) et affiliés au groupe Etat islamique (EI).
Mocimboa da Praia “était la dernière place forte des insurgés”, sa reconquête “marque la fin de la première phase des opérations de contre-insurrection”, a indiqué le colonel Rwivanga.
La crise au Mozambique a fait plus de 2.800 morts, la plupart des civils, et déplacé plus de 800.000 personnes.
Le 24 mars, une attaque d’ampleur contre la ville portuaire de Palma a inquiété la communauté internationale. Cette attaque, l’une des plus importantes depuis le début des violences jihadistes dans la province du Cabo Delgado, a interrompu un mégaprojet gazier de 16,8 milliards d’euros, opéré par le français Total et situé à seulement quelques kilomètres de Palma.
Il s’agit de l’un des plus importants projets de gaz naturel liquéfié d’Afrique.
A la demande de Maputo, le Rwanda a envoyé le 9 juillet un millier de soldats pour soutenir les forces armées mozambicaines qui luttent pour reprendre le contrôle du Cabo Delgado.
Les forces rwandaises avaient revendiqué début août leurs premiers succès depuis leur déploiement, annonçant avoir aidé l’armée mozambicaine à reprendre le contrôle d’Awasse, petit village stratégique situé près de Mocimboa da Praia.
– mission militaire de la SADC –
“Nous allons continuer les opérations de sécurisation pour pacifier totalement ces zones ce qui permettra aux forces mozambicaines et rwandaises de mener des opérations de stabilisation quand (les déplacés) retourneront chez eux”, a ajouté le porte-parole de l’armée rwandaise.
Après s’être montré réticent à toute intervention étrangère, insistant sur la souveraineté de son pays, indépendant depuis 1975, le président mozambicain Filipe Nyusi avait aussi officiellement demandé début juillet l’aide militaire des pays de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC).
Le Botswana – dont le chef de l’Etat Mokgweetsi Masisi préside l’organe de la SADC chargé de la politique, la défense et la sécurité – a envoyé 296 soldats le 26 juillet.
Frontalier du Mozambique et puissance régionale, l’Afrique du Sud a annoncé le 28 juillet l’envoi immédiat de 1.495 soldats. Le lendemain, le Zimbabwe a annoncé son intention d’envoyer 304 soldats pour former les unités d’infanterie du Mozambique.
L’Angola devait déployer, à partir du 6 août, 20 officiers de l’armée de l’Air tandis que la Namibie contribuera à hauteur d’environ 400.000 dollars à l’offensive de contre-insurrection.
MM. Nyusi – par ailleurs président en exercice de la SADC – et Masisi doivent lancer formellement lundi la Mission de la SADC au Mozambique (Samim) à Pemba, capitale de la région de la province de Cabo Delgado.
Le 12 juillet, l’Union européenne a formellement mis sur pied une mission militaire de formation des forces mozambicaines, afin de les aider à lutter contre l’insurrection islamiste.
Le Portugal, ancienne puissance coloniale, participe déjà à la formation des troupes mozambicaines. Les instructeurs militaires portugais devrait constituer la moitié de la mission européenne.
Source: La Minute Info