Mandat d’arrêt contre Karim Keïta: premières conséquences

© AFP - Michèle Cattani Le fils d'IBK, Karim Keita à Bamako quand il était président de la commission Défense de l’Assemblée. 11 juillet 2018.

Le 5 juillet, la justice malienne a émis un mandat d’arrêt international contre l’ancien député Karim Keïta, qui a fui en Côte d’Ivoire lorsque son père, l’ancien président IBK, a été démis. La justice veut l’entendre dans le cadre de la disparition du journaliste malien Birama Touré, qui n’a plus donné signe de vie depuis janvier 2016.

Depuis l’émission d’un mandat d’arrêt international, Karim Keïta ne s’est certes pas présenté devant le juge malien, mais plusieurs choses ont tout de même bougé. Première conséquence, l’avocat de la famille de Birama Touré, à l’origine d’une procédure en France, a prévu de se constituer également au Mali, dans les jours qui viennent.

À l’époque, il y a plus de cinq ans, la famille avait choisi de déposer plainte en France, jugeant la justice malienne peu à même d’enquêter sur un dossier impliquant le fils du président de la République alors en exercice. Les allégations de torture et d’assassinat permettaient en effet d’invoquer la compétence universelle de la justice française dans ce dossier.

Mais avec l’émission de ce mandat d’arrêt, la justice malienne semble vouloir donner une nouvelle impulsion à l’enquête. Est-ce parce que le juge a collecté des éléments nouveaux ? Ou simplement parce que le contexte est plus favorable, le père de Karim Keïta, IBK, n’étant plus au pouvoir ?

Témoignages

Des témoignages avaient en effet déjà été communiqués aux juges, en France et au Mali : ceux notamment d’une personne se présentant comme un codétenu de Birama Touré dans les geôles de la sécurité d’État, ou d’un ancien militaire des renseignements maliens. Des témoignages accréditant la thèse d’une arrestation de Birama Touré en dehors de toute procédure, d’actes de tortures et d’assassinat. Et, pour certains d’entre eux, l’implication de Karim Keïta comme donneur d’ordres.

La semaine dernière, en plus de la plainte contre X initiale, l’avocat de la famille de Birama Touré a d’ailleurs déposé une plainte nommément dirigée contre un militaire malien de la sécurité d’État, possiblement impliqué dans l’assassinat de Birama Touré, et qui vivrait actuellement en France.

Nouveaux avocats

Pour se défendre, quelques jours après l’émission du mandat d’arrêt international le visant, Karim Keïta a même engagé de nouveaux avocats : le Malien Maître Kassoum Tapo et le Français Maître Marcel Ceccaldi. C’est le même binôme qui avait défendu l’ex-Premier ministre Boubou Cissé, lorsqu’il avait été accusé – avec plusieurs hauts cadres d’institutions maliennes – de complot contre l’État, à la fin de l’année dernière. Des accusations dénoncées comme « politiques » par les intéressés, et auxquelles la justice malienne n’avait finalement donné aucune suite. Et Karim Keïta, qui demeure présumé innocent, a toujours assuré n’être en rien lié à la disparition du journaliste.

Maître Tapo explique aujourd’hui qu’il n’a toujours pas eu accès au dossier, malgré l’émission d’un mandat d’arrêt international contre Karim Keïta. Or, selon lui, un mandat d’arrêt a valeur de mise en examen. Il demande donc au juge de le laisser accéder au dossier, pour qu’il puisse défendre son client. Dans le cas contraire, le mandat d’arrêt doit, selon Maître Tapo, être considéré comme invalide. C’est l’objet d’une note qui sera adressée par les avocats de Karim Keïta à Interpol dans les jours qui viennent.

Enfin sur la décision d’extrader ou non Karim Keïta vers le Mali, afin qu’il puisse répondre aux questions du juge d’instruction, le porte-parole du gouvernement ivoirien a indiqué la semaine dernière qu’aucune décision n’avait encore été prise.

 Source: Rfi