Abiy Ahmed promet de “repousser les attaques” après une nouvelle offensive rebelle au Tigré

Le Premier ministre Abiy Ahmed a promis mercredi de “repousser les attaques” des “ennemis” après une nouvelle offensive des rebelles au Tigré, région de l’extrême nord de l’Ethiopie en proie depuis huit mois à la guerre et à une grave crise humanitaire.

Lundi, les forces rebelles, nommées Forces de défense du Tigré (TDF), ont lancé une nouvelle offensive dans le sud et l’ouest de la région. Elles avaient repris le contrôle d’une grande partie du Tigré fin juin, conduisant le gouvernement à déclarer un cessez-le-feu.

“Nous nous défendrons et nous repousserons ces attaques de nos ennemis internes et externes, tout en travaillant à accélérer les efforts humanitaires”, a déclaré mercredi M. Abiy dans un communiqué publié sur Twitter.

Le Premier ministre n’a pas dit précisément à qui le terme “ennemis externes” faisait référence.

M. Abiy, lauréat du prix Nobel de la paix en 2019, a lancé le 4 novembre 2020 une opération militaire au Tigré pour chasser et désarmer les autorités locales dissidentes, issues du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), après des mois de tensions.

Le gouvernement a proclamé la victoire après la prise le 28 novembre de la capitale régionale Mekele par l’armée fédérale. Mais les combats se sont poursuivis.

Le conflit a connu un tournant fin juin lorsque les rebelles ont repris le contrôle d’une grande partie du Tigré, dont Mekele, mettant en déroute les troupes fédérales et poussant le gouvernement à proclamer un cessez-le-feu unilatéral.

Après l’avoir qualifié de “blague”, les TDF ont accepté le principe de ce cessez-le-feu, à condition notamment du retour des forces amhara et érythréennes “à leurs territoires d’avant-guerre”.

Des troupes venues de la région voisine de l’Amhara ainsi que de l’Erythrée, à la frontière nord du Tigré, ont en effet épaulé l’armée fédérale depuis le début du conflit. Les Amhara contrôlaient jusqu’ici le sud et l’ouest du Tigré, des territoires qu’ils revendiquent de longue date.

Mardi matin, un porte-parole des rebelles, Getachew Reda, a déclaré à l’AFP qu’une nouvelle offensive avait été lancée la veille dans ces deux zones, dans le but de “libérer chaque centimètre carré du Tigré”. Il a notamment affirmé que les TDF contrôlent la majorité du sud de la région, dont la ville principale d’Alamata.

Ces propos étaient difficilement vérifiables, les réseaux de communication étant largement coupés au Tigré.

De son côté, l’Etat régional de l’Amhara, le deuxième plus peuplé du pays, a affirmé dans un communiqué que “tous les Ethiopiens devraient fournir un soutien salutaire aux efforts de maintien de l’ordre conduits contre le TPLF.

– Sanctions –

Mercredi, soulignant que les forces rebelles ont repris les combats et les accusant de “sacrifier des enfants et des jeunes”, M. Abiy a rappelé que le gouvernement avait déclaré le cessez-le-feu afin de “donner aux gens un sursis durant la saison agricole et pour permettre aux opérations d’aide humanitaire d’agir sans entrave”.

La guerre au Tigré a été marquée par des atrocités ainsi que par le spectre grandissant de la famine.

Selon l’ONU, plus de 400.000 personnes y ont “franchi le seuil de la famine”, mais l’aide humanitaire peine à arriver sur place.

A Bruxelles, le chef de la diplomatie de l’Union européenne (UE) Josep Borrell a appelé lundi les Etats membres à envisager des sanctions contre le deuxième pays le plus peuplé d’Afrique, affirmant que la situation “n’a jamais été pire” au Tigré.

Mardi, les combats, qui se poursuivaient, ont touché un camp de réfugiés à Mai Aini (ouest du Tigré), passé selon des sources sous contrôle des forces tigréennes.

Des résidents de Mai Aini et du camp voisin d’Adi Harush, qui abritent tous deux des Erythréens ayant fui le régime d’Asmara, ont fui à pied, selon des sources humanitaires.

Le bureau éthiopien du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a appelé, dans une déclaration à l’AFP, “toutes les parties, dont les autorités tigréennes à Mekele, à s’assurer que les populations réfugiées de Mai Aini et Adi Harush soient protégées”.

Le chef du HCR, Filippo Grandi, s’est inquiété plus globalement du sort des réfugiés érythréens en Ethiopie, touchés par “des représailles, des enlèvements, des arrestations et des violences” en raison de “leur appartenance présumée à l’un ou l’autre camp dans ce conflit sanglant”.

 Source: La Minute Info