Le parti au pouvoir en Éthiopie a remporté une écrasante majorité des sièges lors des récentes et cruciales élections parlementaires, a annoncé samedi la commission électorale, ouvrant la voie à un nouveau mandat pour le Premier ministre Abiy Ahmed.
Le 21 juin, Abiy Ahmed s’est présenté pour la première fois devant les électeurs depuis sa nomination en 2018, à la suite d’une vague de manifestations antigouvernementales qui avait secoué le deuxième pays le plus peuplé d’Afrique.
« Ces élections seront considérées comme historiques », a déclaré samedi soir Abiy Ahmed dans un communiqué publié sur Twitter. Le Premier ministre, 44 ans, a ajouté que son Parti de la prospérité (PP) était « heureux d’avoir été choisi par la volonté du peuple pour administrer le pays ».
Image ternie
Lauréat du prix Nobel de la paix en 2019, le Premier ministre souhaitait obtenir l’onction populaire qui lui faisait défaut pour mener les réformes politiques et économiques en cours, mais aussi les opérations militaires comme celle qui dure depuis huit mois au Tigré (Nord), où les massacres et le spectre grandissant de la famine ont terni son image réformatrice.
Selon des résultats annoncés samedi soir par la commission électorale au terme de plus de cinq heures de cérémonie officielle devant un parterre d’invités, le PP a obtenu plus de 400 des 436 sièges pour lesquels le vote a eu lieu. Cependant, des documents transmis par la commission, et qui prêtaient à confusion, ont ensuite précisé qu’il faudra procéder à un nouveau vote pour 10 circonscriptions et à un recomptage pour 3 d’entre elles.
Violences et répression
Avec ces élections, promises comme les plus démocratiques de l’histoire du pays, Abiy Ahmed entendait trancher avec les précédents scrutins, marqués par la répression et par des scores soviétiques.
Le vote a été reporté deux fois – en raison de la pandémie de coronavirus, puis pour accorder plus de temps à la commission électorale, confrontée à des défis logistiques. Malgré ce délai, le vote n’a pas eu lieu dans environ un cinquième des 547 circonscriptions du pays, en raison de ces problèmes logistiques ou des violences à caractère ethnique, qui se sont aggravées sous Abiy Ahmed.
La majorité des circonscriptions manquantes doivent voter le 6 septembre. Mais aucune date n’a été fixée pour le Tigré, où l’opération de « maintien de l’ordre » lancée par Abiy Ahmed en novembre pour destituer les autorités régionales dissidentes a dégénéré en un conflit dévastateur. Face à une contre-offensive des rebelles, le gouvernement a cependant déclaré un cessez-le-feu fin juin.
Source: Jeune Afrique