La province du Tigré subit toujours un conflit entre l’ancien pouvoir local et le pouvoir fédéral, aidé par l’armée érythréenne. Les soldats d’Asmara sont accusés de multiples crimes contre les civils et leur présence inspire désormais la terreur.
Sur cette ligne de transport, les bus arrivant de la capitale s’arrêtent à Melvey. Par défaut, le village s’est transformé en terminus, car plus loin, les Érythréens ont installé un barrage. Depuis l’arrivée de ces soldats il y a trois mois, les Tigréens ne s’en approchent plus.
« Un jour, les soldats ont stoppé le bus, m’ont ordonné de descendre, de m’agenouiller et ils m’ont tabassé, expliqueGirmay, chauffeur sur la ligne. Ils ont dit que la route était coupée maintenant. Depuis je n’y vais plus, car j’ai trop peur. Sur la route on demande aux collègues où sont les soldats. S’ils sont trop proches, on rebrousse chemin. »
La peur des habitants
À cause du barrage, les usagers continuent à pied en évitant à tout prix les soldats. John va tenter de rejoindre Semera, à 40 km : « Ma famille vit là-bas. Elle m’a dit que les militaires violaient et pillaient, donc on contourne les soldats à pied, par des chemins qu’ils ne connaissent pas. Ça prend une journée. Ces Érythréens sont juste là pour nous détruire. »
À Melvey, l’influence du barrage est palpable. La peur au ventre, les habitants comme Yahannes surveillent constamment le comportement des Érythréens. « Quand ils arrivent on s’enfuit. Ils rentrent dans les maisons et volent tout. Avant il y avait beaucoup d’activité ici. Mais tout s’est arrêté à cause du barrage. Les gens fuient vers les camps de déplacés et on s’appauvrit jour après jour. Seul le départ de ces soldats nous permettra de survivre. »
Plusieurs fois, Addis-Abeba a promis que les Érythréens étaient sur le point de rentrer chez eux. Mais sept mois après le début du conflit, ils sont toujours bien là.
Source: Rfi