Manifestation contre le président rwandais à Bukavu en RDC

Le président Paul Kagame à Paris en France, le 18 mai 2021.

Quelque centaines de personnes ont manifesté mardi à Bukavu, dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC) pour dénoncer des “propos négationnistes” tenus, selon eux, par le président rwandais Paul Kagame concernant les crimes commis en RDC.

Rassemblés devant l’Institut français de la ville, les manifestants ont appelé le président Kagame à “présenter des excuses au peuple congolais“, en référence à une récente interview controversée de M. Kagame sur le rapport Mapping de l’ONU – publié en 2010 et qui répertorie plus de 600 violations graves des droits humains commises en RDC entre 1993 et 2003.

Le 17 mai à Paris, lors d’une interview aux médias français France 24 et RFI, M. Kagame avait jugé notamment ce document “extrêmement controversé”,contesté” et “politisé“, semblant remettre en doute les massacres commis pendant cette période. Ces propos avaient suscité un tollé immédiat en RDC, et Kigali avait alors expliqué qu’il y avait eu “confusion” sur les propos du président rwandais.

“Kagame pour toi, c’est fini aujourd’hui”; “le combat pour la reconnaissance des crimes indiqués dans le rapport Mapping va se poursuivre”, ont lancé en swahili les manifestants à Bukavu .

Assis par terre, les mains levées, jeunes et aînés, dont plusieurs femmes, ont entonné des chansons contre le chef de l’État rwandais.

“Il n’y a pas de petit et grand génocide. Il y a eu des crimes graves au Rwanda en 1994 et tout le monde est d’accord, mais il y en a eu aussi en RDC depuis 1993 jusqu’à aujourd’hui. Tous méritent justice et réparation”, a déclaré dans un communiqué la société civile locale, organisatrice de la manifestation.

Cette structure a dénoncé la montée des “lobbies négationnistes et des propos méprisants” qui s’activent pour “nier les évidences contenues dans le rapport Mapping”.

Sur des banderoles on pouvait lire: “La France ne doit pas être un soutien aux lobbies négationnistes des crimes commis en RDC, ni faire de ces crimes un deal diplomatique avec le Rwanda”.

Les manifestants ont par ailleurs exprimé leur soutien au Dr Denis Mukwege, Prix Nobel de la paix et natif du Sud-Kivu, que le président rwandais avait accusé dans son interview d’être “un outil de forces que l’on ne voit pas”.

Depuis les deux guerres du Congo (1996-97 et 1998-2003), les relations entre le Rwanda et la RDC restent difficiles, mais se sont légèrement améliorées depuis l’arrivée au pouvoir de Félix Tshisekedi en 2019. Ces conflits ont impliqué les nombreuses milices et les armées de plusieurs pays voisins, le Rwanda et Ouganda notamment.

 Source: Voa Afrique