Au Mali, le vice-président, le colonel Assimi Goïta ne cache pas qu’il veut être au centre de la transition. On ne sait pas encore s’il ira jusqu’au bout ou si le costume sera trop ample, mais depuis la démission du président Bah N’Daw, il est sur le devant de la scène et se comporte comme le véritable homme fort du pays.
Le colonel Assimi Goïta l’avait déjà dit à la délégation de la Cédéao, il ambitionne d’être au centre de la transition. Un pas de plus ? Il a, jeudi 27 mai, « décapité » le cabinet du président démissionnaire. Un décret signé de sa main limoge les principaux collaborateurs de l’ancien président de transition Bah N’Daw.
Parmi les décrets de nomination abrogés, celui du secrétaire général du palais, du chef d’état-major particulier, ainsi que celui du conseiller diplomatique de la présidence.
Nous le percevons comme une violation de la charte qu’ils ont eux-mêmes concoctés pour avoir le pouvoir. Il est certain qu’Assimi Goïta veut garder le pouvoir pour aller au bout de la transition.
Le vice-président a-t-il l’intention de remplacer tout ce monde par des hommes à lui, issus de son propre cabinet ? On devrait rapidement le savoir. Et comme pour montrer qu’il est le chef, ne serait-ce que pour le moment, le colonel Goïta pose un autre acte. Ce vendredi 28 mai, il a convoqué, pour un échange, les partis politiques et la société civile malienne. L’objectif est d’expliquer la nouvelle situation dans laquelle se trouve le pays et de se projeter dans l’avenir. Mais l’homme, qui a fait deux coups de force en neuf mois, veut probablement aussi profiter de l’occasion pour élargir sa base de partisans.
Des arrestations menées par les hommes du colonel Goïta
On en sait, par ailleurs, plus sur les conditions des arrestations de Bah N’Daw et de son Premier ministre Moctar Ouane. Le président de transition a été le premier arrêté. Ensuite, les hommes du colonel Assimi Goïta qui menaient l’opération, se sont arrêtés chez le Premier ministre Moctar Ouane. Les deux têtes de l’exécutif sont dans le même convoi qui prend la direction de la ville de garnison de Kati. Bah N’Daw et Moctar Ouane sont alors tout de suite séparés et leurs téléphones confisqués. L’un des deux est enfermé à double tour dans un bureau. Les deux hommes n’ont pas subi de traitements physiques dégradants, pas de brimade.
Cette junte militaire n’a pas compris que les armes ne sont pas faites pour braquer la nation et pour anéantir l’Etat dans son organisation et son fonctionnement.
Mercredi 26 mai dans la matinée, veille de leur libération, intervenue dans la nuit de mercredi à jeudi, lorsqu’une délégation internationale devait aller rendre visite aux deux hommes, ils ont été regroupés peu avant. Le président Bah N’Daw avait cependant déjà signé la lettre de démission.
Source: Rfi