Le chef d’état-major des armées françaises, le général François Lecointre, a dénoncé samedi une « manipulation » contre la force française Barkhane après une enquête de l’ONU l’accusant d’avoir tué 19 civils réunis pour un mariage au Mali.
Florence Parly, ministre française des Armées, et le général Lecointre, chef d’état-major des armées, à Gao le 27 novembre 2019.
Le chef d’état-major des armées françaises, le général François Lecointre, a dénoncé samedi une « manipulation » contre la force française Barkhane après une enquête de l’ONU l’accusant d’avoir tué 19 civils réunis pour un mariage au Mali.
« Très clairement, il s’est agi d’une attaque contre l’armée française, contre l’opération Barkhane, contre la légitimité de nos engagements », a déclaré le militaire dans une interview au quotidien français Le Figaro. Les « erreurs » et les « biais » du rapport de la Direction des droits de l’Homme de la Minusma, la Mission de l’ONU au Mali, « découlent pour une part d’une manipulation », a encore estimé le général Lecointre.
« Discréditer » Barkhane ?
Cette enquête a conclu qu’une frappe aérienne conduite par l’armée française avait visé des civils réunis pour un mariage près de Bounti, dans le centre du Mali, et pas seulement des jihadistes comme l’affirme Paris, qui réfute toute bavure.
Les autorités françaises ont toujours assuré qu’il n’y avait pas de mariage, que le renseignement avait « formellement » établi qu’il s’agissait d’un rassemblement de jihadistes et que l’intervention d’une patrouille d’avions français lâchant trois bombes avait « neutralisé » une trentaine de jihadistes.
« Je pense que nous serons désormais systématiquement confrontés à ce type de tentative pour chercher à nous entraver, à nous discréditer, à délégitimer notre action, à monter les populations contre notre action« , a ajouté le chef d’état-major des armées.
Des enquêteurs formels
Pour mener son enquête, la division des droits de l’homme et de la protection de la Minusma avait déployé une « mission spéciale d’établissement des faits » du 4 janvier au 20 février 2021, avec l’appui notamment de la police scientifique des Nations unies.
Si les auteur du rapport ont pu établir la présence, le jour de la frappe aérienne française, de cinq individus armés, dont au moins un portait son arme de façon visible, les enquêteurs de l’ONU sont cependant formels : « Le rassemblement consistait en une célébration de mariage qui a réuni une centaine de personnes, en majorité des civils habitant Bounti, à l’exception des cinq présumés membres de la Katiba Serma. »
« Le groupe touché par la frappe était très majoritairement composé de civils, qui sont des personnes protégées contre les attaques au regard du droit international humanitaire, écrivait les auteurs du rapport. Cette frappe soulève des préoccupations importantes quant au respect des principes de la conduite des hostilités, notamment le principe de précaution dont l’obligation de faire tout ce qui est pratiquement possible pour vérifier que les cibles sont bien des objectifs militaires. »
La France, qui engage environ 5 100 hommes au sein de Barkhane, a déjà été en butte à des soupçons de bavure, mais jamais à un rapport aussi circonstancié de l’ONU. La ministre française des Armées Florence Parly a parlé de « guerre informationnelle » que livreraient les groupes jihadistes. Les autorités maliennes avaient fourni des évènements une version cohérente avec celle de la France.
Source: jeune Afrique