RFI à bord d’«Ocean Viking»: Quand le coronavirus s’invite à bord

© Guilhem Delteil/RFI Chaque matin, la température est contrôlée et les personnes secourues en mer reçoivent un nouveau masque chirurgical.

L’Ocean Viking, le bateau de l’organisation SOS Méditerranée, effectue une nouvelle campagne de sauvetage en Méditerranée centrale. En mer en janvier et février, le navire a secouru 796 personnes parties de Libye vers l’Europe. RFI embarque à son bord pour cette mission. Chaque jour, nous recevons le carnet de bord de notre envoyé spécial.

Tous les matins, les personnes secourues en mer font la queue pour recevoir le petit-déjeuner. Mais avant la nourriture, deux membres de l’équipage les attendent. « Bonjour, il faut jeter le masque » répète Louis à chaque personne en désignant la poubelle à ses pieds. Puis le marin sauveteur demande à chacun de présenter ses mains. Il pulvérise alors du spray désinfectant. A ses côtés, Caterina prend les températures de chacun puis tend un nouveau masque.

Le protocole a été mis en place depuis l’arrivée à bord des premières personnes secourues. En pleine pandémie mondiale, l’apparition du virus sur le bateau était évidemment anticipée. Et dès le premier cas détecté, les étapes suivantes du plan de prévention ont été activées. Le malade a été isolé et l’équipe médicale a essayé de retracer ses contacts les plus proches. Eux étaient négatifs mais deux autres personnes arrivées au centre médical avec des symptômes de la Covid ont été testées positives.

Le message est passé aux rescapé.e.s : « on nous a dit qu’il fallait bien nous protéger, que tout le monde devait porter le masque » témoigne l’un d’entre eux. Et les consignes sont bien acceptées : « je fais très attention. Je me lave les mains tout le temps et je protège mon nez aussi : je porte le masque », poursuit cet homme.

Finalement, décision a été prise de dépister l’ensemble des personnes. En milieu de matinée, un stand de dépistage a été dressé sur le pont. Pour beaucoup, c’était le premier prélèvement nasopharyngé. Caroline, l’infirmière, et Blandine, la sage-femme, qui maniaient les cotons tiges, répétaient donc à chaque patient la procédure. Finalement, seuls deux nouveaux tests se sont révélés positifs. Et les cinq personnes diagnostiquées comme porteuses du coronavirus ont été isolées dans un container à part, au bout du bateau.

Pour cela, il a fallu vider un des containers du pont inférieur des affaires qu’il contenait et les stocker sur le pont supérieur. Profitant de conditions de navigation un peu plus favorables dans la matinée, les équipes, aidées de certains des hommes secourus, ont organisé une chaîne pour monter ces kilos et kilos de matériel. Nécessaires, ces mesures de prévention ont toutefois une portée limitée. « Nous sommes en situation de surpopulation » juge Valeria, la responsable médicale. « Nous avons 116 personnes sur le pont et elles partagent un espace commun. Et c’est inévitable ; ce sont les limites d’un espace restreint comme un bateau » poursuit-elle.

Si un abri à part a été libéré pour les malades, ceux-ci doivent tout de même partager les sanitaires avec les autres personnes secourues. « Tant que nous sommes à bord, nous ne pouvons pas empêcher la contamination. Nous pouvons uniquement mettre en place des mesures qui la limite » assure la médecin estimant qu’un débarquement rapide serait la mesure la plus efficace pour éviter une contamination à la chaîne. Mais l’Ocean Viking attend encore que les autorités maritimes lui attribuent un lieu sûr pour accoster.

 Source; Rfi