Éthiopie : à Shire, dans le Tigré, les camps de déplacés saturent

REUTERS - BAZ RATNER Des déplacés installés dans une immeuble en construction sur le campus de l'université d'Aksoum, dans la ville de Shire, dans le Tigré, le 14 mars 2021.

En Éthiopie, la situation humanitaire inquiète de plus en plus dans la province du Tigré où le conflit dure depuis novembre. Beaucoup craignent une aggravation de la crise alimentaire alors que les violences empêchent de nombreux habitants de planter. Par ailleurs, l’exode continue dans certaines régions. Depuis plusieurs semaines, les Tigréens vivant dans l’Ouest de la province fuient par centaines vers des villes comme Aksoum, Adwa, Adigrat ou encore Shire où se trouve l’envoyé spécial de RFI.

Ils sont des dizaines à attendre de se faire enregistrer pour obtenir une hypothétique aide humanitaire. Des milliers de Tigréens de l’Ouest ont trouvé refuge dans l’école élémentaire Emba Dansu.

Hagos a fui sa ville de Sheraro. Il est arrivé au camp il y a moins d’une heure et ne pourra pas rester. « C’est saturé alors je n’ai pas le choix. Je vais prendre le risque de retourner chez moi. Là-bas les Erythréens tabassent les gens, kidnappent des jeunes qu’on ne revoit jamais. La ville s’est en partie vidée. Je serais plus en sécurité ici, mais il n’y a pas de place. »

Les Tigréens de l’Ouest sont pris en tenaille entre milices Amharas de la région voisine et troupes érythréennes. Rahel et sa famille ont fui Humera. Elle dénonce l’expulsion de son peuple.

« La ville a été bombardée. Mes deux voisins sont morts chez eux. Je ne peux plus rentrer. Les Amharas ne veulent pas qu’on parle notre langue sinon on doit quitter la ville. Je suis constamment triste et en colère. Comment pourrais-je devenir Amhara alors que je parle une autre langue ? »

Plusieurs organisations humanitaires fournissent de l’aide mais c’est bien trop peu, explique Hazem, une bénévole qui aide à organiser le camp. « Il n’y a pas assez de nourriture, d’abris, de toilettes. Nous avons besoin d’aide tout de suite. Une dizaine de personnes sont déjà mortes de faim. D’autres ont succombé à des maladies chroniques. La situation ne fait qu’empirer. On est au bord d’un désastre. »

Selon l’ONU, Shire manque d’espace pour construire d’autres camps mais de nouveaux sites pourraient ouvrir dans les villes voisines. En attendant, des médicaments contre le choléra sont stockés à l’approche de la saison des pluies.

 Source: Rfi