Au moins trente civils tués et un village saccagé dans une région de l’est du Burkina Faso

© RFI Carte du Burkina Faso.

Au Burkina Faso, au moins trente personnes – des civils – ont été tuées ce lundi 3 mai dans l’attaque du hameau de culture de Kodyel, dans le département de Foutouri, à environ 145 km de Fada Ngourma, dans la région de l’est. Des hommes armés non encore identifiés ont investi le village très tôt, hier matin, et se sont attaqués aux populations, malgré l’intervention des « Volontaires pour la défense de la patrie », les supplétifs civils des forces armées.

Les assaillants ont fait irruption dans le hameau de culture de Kodyel autour de 5 heures du matin, lundi. Selon les témoignages recueillis par des sources sécuritaires sur place, ils étaient environ 300 personnes et l’attaque a duré deux heures, rapporte notre correspondant à Ouagadougou, Yaya Boudani.

« Ils ont encerclé le village et massacré presque la quasi-totalité des hommes », explique un témoin cité par notre source. Seuls les femmes et les enfants ont été épargnés. Le nombre exact des victimes reste pour l’heure inconnu. Le gouverneur de la région de l’est parle de « plus d’une dizaine » de civils tués. Des sources sécuritaires font état d’au moins trente personnes parmi lesquelles deux volontaires pour la défense de la patrie. Parmi les civils tués figurent le chef du village et plusieurs membres de sa famille. On dénombre une vingtaine de blessés aussi. Par ailleurs, une dizaine d’assaillants a été abattue par les volontaires pour la défense de la patrie.

Ces hommes armés ont vandalisé le centre de santé et vidé le dépôt pharmaceutique. Ils ont intimé l’ordre aux agents de santé de quitter le village. Les concessions et les greniers ont été incendiés, le centre de santé pillé. Selon nos sources, des boutiques ont été saccagées et du bétail emporté. La plupart des habitants ont fui pour trouver refuge dans les localités de Gayéri et Foutouri, où se trouvent les forces de défense et de sécurité.

Représailles ?

Pour l’heure, cette attaque n’a pas été revendiquée. Mais des sources sur place estiment quant à elles qu’il s’agit bien d’un groupe terroriste. « De simples brigands ne mobilisent pas 300 hommes pour attaquer un village » poursuit un habitant de la région. Elle intervient quelques jours seulement après que le village de Kodyel a recruté ses premiers volontaires pour la défense de la patrie, ces civils autorisés à participer à la lutte contre le terrorisme. Une vingtaine de jeunes sortaient tout juste de la formation. Pour certaines sources locales, le fait que les assaillants ne s’en soient pris qu’aux hommes marque une volonté de représailles.

Depuis leur mise en place, en janvier 2020, les volontaires pour la défense de la patrie ont déjà subi plusieurs attaques. En août, un de leurs camps, dans le village de Kombori dans le nord-ouest avait été pris pour cible par des hommes armés. Deux mois plus tard, dans la province de Sanmatenga dans le centre-nord, 25 hommes avaient été exécutés par des terroristes, en représailles à la présence de volontaires dans leur village. En tout, près de 200 d’entre eux ont été tués depuis janvier 2020.

Le sort de Kodyel provoque un frisson d’angoisse dans l’ensemble de la région. D’après des habitants, les terroristes se déplaçaient depuis plusieurs jours dans différentes localités. « Ils étaient samedi à Gayéri » explique un notable de Fada N’gourma. « Si les forces de sécurité n’interviennent pas et que les volontaires sont tués, qu’est-ce qu’il nous reste ? » conclut-il. Cette attaque est tout cas l’une des plus meurtrières que l’est du Burkina a connu depuis l’embuscade sur un convoi minier de la Semafo, qui avait fait 38 morts en 2019.

 Source: Rfi