Des combats ont opposé militaires et rebelles jeudi 29 avril dans l’ouest du Tchad, le jour de l’arrivée à N’Djamena d’une mission d’enquête de l’Union africaine sur la « situation politique et sécuritaire ». L’armée, qui a assuré « avoir mis hors d’état de nuire » une colonne de rebelles, a annoncé le crash de l’un de ses hélicoptères en raison d’une « une panne technique », selon un communiqué signé jeudi du porte-parole du Conseil militaire de transition (CMT), la junte au pouvoir depuis la mort du président Idriss Déby Itno.
Les rebelles du Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (FACT), qui mènent depuis le 11 avril une offensive contre le régime, ont affirmé de leur côté avoir « détruit » l’hélicoptère. Les affrontements ont eu lieu dans la zone de Nokou, chef-lieu du département du Nord-Kanem, à plus de 300 kilomètres au nord de la capitale N’Djamena.
C’est dans cette région désertique de l’ouest du Tchad, le long de la frontière avec le Niger et à mi-chemin entre le lac Tchad et le Tibesti, qu’a été tué le président Déby alors qu’il était au front.
Le FACT a promis de « marcher » sur la capitale, où se trouvent désormais des enquêteurs de la Commission de l’Union africaine (UA). Leur mission, prévue pour durer sept jours, doit « examiner les stratégies visant à faciliter un retour rapide à l’ordre constitutionnel et à la gouvernance démocratique », selon un communiqué de l’UA. Ils remettront ensuite leurs conclusions au Conseil de paix et de sécurité de l’organisation panafricaine, « pour examen et décision ».
« Ni médiation, ni négociation »
Depuis la mort d’Idriss Déby, une junte militaire a pris le pouvoir au Tchad. Elle est dirigée par Mahamat Idriss Déby, fils du défunt président. Le nouvel homme fort du pays, qui concentre presque tous les pouvoirs, est entouré de quatorze généraux, tous fidèles de son père. Lui-même général de corps d’armée et chef de la garde présidentielle, Mahamat Idriss Déby a abrogé la Constitution et dissous le gouvernement et l’Assemblée nationale, en promettant des « élections libres et démocratiques » dans dix-huit mois.
Basés depuis sa création dans le sud de la Libye, le FACT et ses colonnes de pick-up sont d’abord descendus vers le sud en passant la frontière Tchad-Libye, puis sont passés par le Niger, et enfin sont revenus au Tchad dans le Kanem, selon des sources sécuritaires. Là, de violents combats les ont opposés la semaine dernière aux troupes gouvernementales.
L’armée tchadienne a revendiqué avoir tué 300 combattants le 19 avril et 246 autres ont été capturés et déférés au parquet de N’Djamena, selon la justice. Aucun bilan n’était disponible du côté de l’armée. Des renforts ont néanmoins été envoyés sur la ligne de front, selon des sources sécuritaires.
Le CMT a annoncé qu’il n’y aurait « ni médiation, ni négociation » avec les rebelles du FACT et a demandé à l’allié nigérien de l’aider pour « capturer » leur chef, Mahamat Mahadi Ali. Mardi, opposition et société civile ont appelé les Tchadiens à sortir manifester contre le « coup d’Etat institutionnel » du CMT. Ils ont aussi manifesté contre la politique française dans le pays d’Afrique centrale parmi les plus pauvres du monde.
Plus de 650 personnes ont été arrêtées lors de ces manifestations interdites et réprimées. Six personnes ont été tuées à N’Djamena et dans le sud du pays selon les autorités, neuf selon une ONG locale.
Source: Le Monde