« Torture » et « simulacres de procès » dans l’est de la Libye, selon Amnesty International

Le maréchal Khalifa Haftar, commandant de l’autoproclamée Armée nationale libyenne (ANL), lors des célébrations du jour de l’indépendance à Benghazi, le 24 décembre 2020. ESAM OMRAN AL-FETORI / REUTERS

Au moins vingt-deux personnes ont été condamnées à mort depuis 2018 par des tribunaux militaires et des centaines d’autres ont été emprisonnées après des « simulacres de procès » dans l’est de la Libye, a indiqué lundi 26 avril Amnesty International.

Ces procès militaires « secrets et manifestement inéquitables » visent à « punir les opposants » de l’autoproclamée Armée nationale libyenne (ANL) dirigée par le maréchal Khalifa Haftar, a fustigé l’ONG dans un rapport. Parmi les civils jugés figurent des journalistes, des manifestants pacifiques ou des internautes qui ont critiqué l’ANL sur les réseaux sociaux.

Par ailleurs, d’anciens détenus ont confié à Amnesty avoir été enlevés et « détenus illégalement » pendant des mois, voire des années, « torturés et soumis à des procédures extrêmement inéquitables ». D’autres ont été contraints de signer des « aveux » pour des crimes qu’ils n’avaient pas commis, poursuit le rapport.

La Libye tente de s’extraire d’une décennie de conflit marquée par l’existence ces dernières années de pouvoirs rivaux, dans l’ouest et l’est du pays, et des violences sanglantes.

« Instiller un climat de peur »

Censé clore ce chapitre, un nouvel exécutif unifié, né d’un processus sous l’égide de l’ONU lancé en novembre 2020 à Tunis, a été mis sur orbite en février à Genève, avant un vote de confiance « historique » du Parlement en mars.

Dans les faits, « l’ANL et les groupes armés alliés continuent d’exercer un contrôle effectif sur l’est de la Libye », rappelle Amnesty.

Le recours à des procès militaires arbitraires lui permet d’« instiller un climat de peur », a déclaré Diana Eltahawy, directrice régionale adjointe d’Amnesty International pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord.

Ces « simulacres de procès », menés par des procureurs et des juges qui sont eux-mêmes militaires et « manquent donc d’impartialité », se déroulent « parfois en l’absence d’avocats et d’accusés », a dénoncé l’organisation de défense des droits humains.

« Le Gouvernement d’unité nationale doit immédiatement mettre fin aux procès militaires des civils et ordonner des enquêtes sur la torture et les autres crimes commis par des groupes armés », a jugé Mme Eltahawy.

  Source: Le Monde