L’Union africaine critique le président somalien qui prolonge son mandat

Le président de la Somalie, Mohamed Abdullahi Mohamed «Farmajo», le 26 novembre 2018. Yasuyoshi CHIBA / AFP

Le mandat de Mohamed Farmajo, qui a expiré en février, a été prolongé de deux ans. La décision a suscité un tollé et a été « condamnée » jeudi 22 avril par le Conseil de paix et de sécurité de l’UA qui va dépêcher un envoyé spécial pour tenter de sortir le pays de la crise.

Alors que le pays connaît un grave blocage politique et que les élections prévues l’an dernier n’ont toujours été organisées, la chambre basse a autorisé le chef de l’État à rester deux ans de plus au pouvoir. Même si son mandat a expiré en février.

La réaction du Conseil de paix et de sécurité a été tardive mais ferme. L’instance estime que la prolongation du mandat de Mohamed Farmajo « sape l’unité et la stabilité » somaliennes tandis que « les actions unilatérales de la chambre basse » menacent « la paix et la sécurité ».

Pour cet organe stratégique de l’Union africaine, l’accord électoral de septembre reste « l’option la plus viable vers des élections crédibles ». Il a demandé qu’un envoyé spécial soit dépêché immédiatement à Mogadiscio.

Les États-Unis, la Grande-Bretagne ou encore l’Igad ont salué cette déclaration, isolant un peu plus Mohamed Farmajo. Alors que le chef de l’État somalien revient tout juste du Congo Kinshasa où il a demandé à Félix Tshisekedi, qui assure la présidence tournante de l’UA, de réaliser une médiation…

La situation entraîne des tensions régionales. Mogadiscio a accusé le Kenya et Djibouti de tenter d’influencer le CPS et de violer la souveraineté somalienne.

Pendant ce temps, en Somalie, les camps politiques sont à couteaux tirés. Une fusillade a éclaté entre des soldats et des partisans de l’ancien chef de la police de Mogadiscio, démis de ses fonctions pour avoir voulu empêcher le vote à la chambre basse. Des opposants à Mohamed Farmajo auraient dû déménager.

Enfin jeudi, une bagarre a même éclaté à l’aéroport entre agents de renseignements et employés de l’immigration. Craignant une spirale, l’Union africaine a demandé à la force Amisom de surveiller l’armée somalienne et d’organiser une réunion d’urgence.

 Source: Rfi