Dans la cour de l’école du quartier « Pays-Bas », en périphérie de Niamey où une vingtaine d’enfants de 3 à 5 ans sont morts dans l’incendie de leurs classes en paille et en bois, des dizaines de parents, de proches et d’enseignants, étaient toujours choqués mercredi au lendemain du drame.
« Aujourd’hui, dans tout le Niger, c’est le deuil total, les petits enfants, des innocents, ont été vraiment calcinés » dans l’incendie, raconte à l’AFP Habiba Gaya, la directrice de l’école, les yeux remplis de larmes.
Ce sont « des enfants du préscolaire surtout, 3 ans, 4 ans, jusqu’à 5 ans, qui sont morts calcinés dans ce drame », s’indigne-t-elle, bouleversée.
Elle essuie de grosses larmes à l’aide de son voile vert qui lui recouvre le visage, puis explique que « parce qu’ils étaient petits, ils n’arrivaient pas à courir… Les grands, eux, » ont pu trouver la sortie.
« Les flammes ont été transportées de classe en classe par le vent qui soufflait. Et puis on nous a dit que tous les enfants étaient calcinés », a raconté Mme Balaraba Ibrahim, une habitante du quartier qui a perdu Yasmina, sa nièce de 5 ans, dans l’incendie.
« Elle était rentrée à la maison, puis elle est retournée à l’école, c’est comme si elle avait répondu à l’appel de la mort », dit-elle, effondrée.
« Allah a voulu que ça arrive et on n’y peut rien », se résigne la mère d’une autre victime, assise dans la cour de l’école, drapée dans un grand voile bleu, égrenant un chapelet.
La vingtaine de classes qui se sont embrasées ont été construites à l’aide de paille et de bois dans une rue adjacente de l’école dont les autres classes sont en dur, a constaté un journaliste de l’AFP.
L’origine du drame reste toujours inconnue.
« Pays-Bas » est un quartier déshérité, riverain de l’aéroport international de Niamey, construit dans une ancienne carrière d’argile.
Mercredi, les forces de sécurité ont bouclé le périmètre de l’incendie, tandis que la police scientifique nigérienne enquêtait dans l’espoir de trouver des indices.
Derrière le cordon de sécurité, des habitants du quartier, parmi lesquels de nombreux enfants, le visage triste, se pressaient devant ce qui reste des 21 classes qui ont pris feu.
– « En un rien de temps » –
Seuls des squelettes des tables-bancs et des portes métalliques sont encore visibles. A moitié brûlés, des livres, des cahiers, des trousses et des sacs d’écoliers sont éparpillés au milieu des cendres.
« Une vingtaine d’enfants ont été pris dans le piège du feu », a annoncé mardi soir, Sidi Mohamed, le commandant des sapeurs pompiers du Niger à la télévision publique. « Les secours sont partis rapidement, le feu a été éteint (…) mais le pouvoir calorifique du feu était énorme, ce qui a permis l’embrasement généralisé de ces classes et les enfants n’ont pas pu sortir », a-t-il expliqué.
« C’est le pire drame qui ait jamais frappé l’école nigérienne: 20 enfants calcinés en un rien de temps, c’est une énorme perte pour le Niger », gronde Amadou Seyni, un riverain de l’école.
Au Niger, un des pays les plus pauvres au monde, pour remédier à l’insuffisance des classes, les autorités construisent des milliers de salles de fortune en paille et en bois où les enfants sont parfois assis à même le sol.
Les incendies de ces classes en matériaux très inflammables sont fréquents, mais font rarement de victimes.
« On ne souhaite plus voir de classes en +paillote+ dans les écoles » du Niger, tonne Mme Habiba Gaya. « Il y a plein de terrains vagues que l’Etat peut mettre à la disposition du quartier pour construire des classes », affirme de son côté Balaraba Ibrahim.
Source: La Minute Info