27 ans après le déclenchement du génocide au Rwanda, Alain Juppé reconnaît les erreurs de jugement de la France, même s’il se félicite que Paris ait été exonéré de complicité de génocide, par le rapport Duclert. Dans une tribune accordée au Le Monde, l’ancien ministre des Affaires étrangères souligne que les autorités françaises ont avant tout manqué de la compréhension qui leur aurait permis d’agir sans délais contre les massacres.
Alain Juppé reconnaît dans les colonnes du Monde l’aveuglement de la France au début des massacres lorsqu’elle a dans un premier temps retiré ses troupes : « Nous n’avons pas mesuré que nous abandonnions des centaines de milliers de Tutsi promis à la mort…. Nous n’avons pas imaginé que nos forces auraient pu, à condition d’avoir le soutien des parachutistes belges, des commandos italiens, des marines américains, tous associés aux casques bleus, s’opposer aux tueurs, protéger les victimes. »
Cet « acte de lâcheté internationale », comme il le qualifie, ne saurait exonérer la France de ses propres responsabilités, souligne l’ancien chef de la diplomatie française, qui rappelle qu’il a été le premier à utiliser le terme de « génocide » afin de « rompre un silence insoutenable ».
L’ancien chef de la diplomatie française pointe aussi ses propres responsabilités : « J’ai commis l’erreur de croire la réconciliation encore faisable en mai-juin-juillet 1994, alors que l’horreur du génocide déclenché en avril la rendait impossible. »
Alain Juppé n’en salue pas moins les conclusions toutes récentes des historiens de la commissionDuclert. « La France, écrit-il, est enfin exonérée de l’accusation de complicité dans la préparation, voire l’exécution du génocide, injustement portée contre elle pendant des années... » Quant à « l’opération Turquoise », elle a selon ce rapport, souligne-t-il, accompli « un effort réel de protection des Tutsis menacés ».
Source: Rfi