L’Ethiopie s’est déclarée mercredi déterminée à continuer à remplir le méga-barrage qu’elle construit sur le Nil, malgré le contentieux persistant avec l’Egypte et le Soudan, en aval du fleuve.
Les ministres des Affaires étrangères des trois pays ont clôturé sans accord mardi trois jours de négociations à Kinshasa sous les auspices du chef de l’État congolais Félix Tshisekedi, président en exercice de l’Union africaine (UA). Les pourparlers doivent reprendre avant la fin du mois, a indiqué mardi soir la diplomatie éthiopienne.
Le ministre éthiopien de l’Eau, Seleshi Bekele, a affirmé mercredi que son pays continuerait à remplir le réservoir du barrage, d’une capacité de 74 milliards de m3, pendant la prochaine saison des pluies, qui doit commencer en juin ou en juillet.
« A mesure que la construction avance, le remplissage a lieu », a déclaré le ministre lors d’une conférence de presse. « Nous n’y renonçons en rien », a-t-il assuré.
Addis Abeba a annoncé en 2020 avoir achevé la première phase des opérations de remplissage, en atteignant l’objectif de 4,9 milliards de m3, permettent de tester les deux premières turbines du barrage et vise cette année 13,5 milliards de m3 supplémentaires.
Construit dans le Nord-Ouest de l’Éthiopie, près de la frontière avec le Soudan, sur le Nil bleu qui rejoint le Nil blanc à Khartoum, la capitale soudanaise, pour former le Nil, le « Grand barrage de la Renaissance » (ou GERD) est une source de tensions entre les trois pays depuis la pose de la première pierre en avril 2011.
L’Egypte et le Soudan voulaient parvenir à un accord tripartite sur le fonctionnement du barrage avant que le remplissage ne commence. Mais l’Ethiopie affirme que ce remplissage fait partie intégrante de la construction du GERD et ne peut être retardé.
Seleshi a déploré que les négociateurs égyptiens et soudanais à Kinshasa aient réclamé l’implication accrue d’observateurs sud-africains, américains et de l’Union européenne (UE). L’Ethiopie s’y oppose, invoquant la nécessité de privilégier le processus conduit par la présidence de l’UA, dont le siège se trouve à Addis Abeba, sa capitale.
Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a mis en garde le 30 mars contre une « instabilité inimaginable » dans la région si le barrage faisait perdre « une goutte d’eau » à son pays.
Par ce projet, l’Éthiopie « menace les peuples du bassin du Nil, et le Soudan directement », a déclaré mardi la ministre soudanaise des Affaires étrangères, Mariam Al Mansoura Elsadig Almahdi, à l’issue des négociations à Kinshasa.
Seleshi a minimisé les risques de conflagration, ajoutant que « les exagérer ne profite à aucun pays ».
Source: La Libre Afrique