Le 3 janvier 2021, une frappe de l’opération Barkhane a visé le village de Bounti, dans le centre du Mali. Accusée depuis des semaines de bavure, l’armée française affirme qu’elle a visé des jihadistes qui organisaient un rassemblement. Mais la version de la division des droits de l’homme de la Minusma, la mission des Nations unies au Mali, est tout autre.
Selon le rapport des Nations unies, ce jour-là, le 3 janvier 2021, il y avait bien une cérémonie de mariage dans le village malien de Bounti, situé dans le centre du pays. Cette célébration a réuni une centaine de personnes, en majorité des civils. Pour les auteurs du rapport onusien, il ne s’agissait donc pas d’un rassemblement de jihadistes.
À la question de savoir pourquoi aucune femme n’était présente, le rapport déclare qu’« au vu des traditions locales, les hommes et les femmes sont séparés lors de ces événements ».
L’équipe d’enquêteurs de l’ONU, qui a interrogé 115 à 200 personnes, est également formelle sur un autre point : au moins 16 civils ont été tués lors de la frappe de la force française Barkhane. Trois civils sont également morts des suites de leurs blessures après cette frappe.
Le rapport ajoute ensuite que sur les lieux, le 3 janvier, il y avait également cinq individus armés. L’un d’entre eux portait de manière très visible son arme. Certains de ces individus appartiendraient à un groupe jihadiste. Parmi eux, trois sont morts lors de cette frappe aérienne.
Les enquêteurs, dans ce document, font des recommandations aux autorités françaises et maliennes. Ils estiment nécessaire l’ouverture sur le terrain d’une enquête « indépendante, crédible et transparente, afin d’examiner les circonstances de la frappe et son impact sur la population civile de Bounti ».
Dans un communiqué, publié peu après la sortie de ce rapport, le ministère français des Armées réfute ces conclusions.
Source: Rfi