La République démocratique du Congo ne dispose pas de base de données numérique de ses fonctionnaires depuis l’indépendance en 1960. Pour y remédier, des administrations publiques ont été appelées depuis quelques semaines à déclarer leurs travailleurs au ministère de la Fonction publique. Au passage, l’État veut surtout faire le tri des employés fictifs ou cumulards qui plombent les comptes.
Dans la salle polyvalente qui abrite les analystes, le travail exige beaucoup de concentration : les listes déclaratives des administrations publiques s’empilent sur les tables et sont examinées à la loupe.
« Le cas qui nous paraît compliqué, [c’est quand] nous trouvons des agents qui ne savent pas justifier leur numéro matricule, raconte Jonathan Ilunga, chef de division. Ils vous donnent des numéros qui sont soi-disant le leur, mais ça ne leur appartient pas. Donc, ils se présentent avec des actes qui sont falsifiés. »
Sur ces mêmes listes, les agents trouvent également des cumulards. Comme un fonctionnaire qui « est dans une administration X et se retrouve dans une administration Y avec toujours le même numéro matricule », explique-t-il.
L’État perdrait d’importantes ressources dans la paie. Le travail de fiabilisation du fichier est exécuté par la direction de gestion de la base de données des ressources humaines de l’État.
« À la fin de chaque certification, on élabore un procès-verbal signé par l’administration et nous, explique le responsable du lieu, Jean-Baptiste Ndefu. En clair, nous allons arriver à un moment donné avec un fichier où on ne peut pas avoir des doublons, où nous ne pouvons pas avoir de cumulards, ni des faussaires qui opèrent avec des matricules d’emprunt. En clair, ils doivent être déboutés. L’objectif poursuivi avec la maîtrise des effectifs, c’est juste finir par maîtriser aussi la masse salariale. »
En attendant, cette masse est constituée sur base des déclarations des administrations directement au budget, d’où des fraudes régulièrement dénoncées.
Chaque mois, environ un million de personnes sont sur les listes de paie de l’État. Fin 2020, une enquête préliminaire de la Police judiciaire des parquets révélait que plus de 130 000 agents fictifs et quelque 43 000 doublons bénéficient indûment d’un salaire de l’État. Mais cette enquête n’a pas connu de dénouement jusqu’ici.
Source: Rfi