Le Kenya demande la fermeture de deux immenses camps de réfugiés sur son territoire. Les sites de Dadaab et de Kakuma abritent plus de 500 000 réfugiés, principalement somaliens pour le premier et sud-soudanais pour le second. Nairobi invoque des raisons sécuritaires. Une annonce qui inquiète mais dont l’application s’annonce extrêmement complexe.
Le ministre de l’Intérieur a donné 14 jours aux humanitaires pour établir un calendrier de fermeture. Fred Matiangi a déclaré qu’il n’y avait «plus de place pour les négociations » et que le gouvernement avait « l’obligation de protéger le Kenya », citant des attaques terroristes planifiées depuis les camps.
Depuis 2016, c’est au moins la troisième fois que le Kenya cherche à fermer Dadaab, le camp situé près de la Somalie. Dans un premier temps, la justice avait estimé que Nairobi ne pouvait pas contraindre les réfugier à rentrer. Puis, en 2019, c’est la diplomatie qui avait joué. « Les pays donateurs avaient fait pression, mettant en jeu des aides dont le pays bénéficie », confie un connaisseur, ajoutant que le gouvernement avait touché des millions de dollars de soutien, pour avoir respecté ce verdict.
Beaucoup de personnes voient cette nouvelle tentative comme un moyen de pression sur la Somalie, État avec lequel les relations sont très tendues. « Sauf que cette fois, ça semble plus sérieux, car Kakuma est aussi visé », confie un humanitaire.
Ce camp est surtout peuplé de Sud-Soudanais et l’argument sécuritaire interroge. « C’est un modèle en terme d’intégration avec les populations locales. Les problèmes de sécurité ressemblent à une rengaine usée qui en plus ne s’applique pas à Kakuma », indique un observateur.
Démanteler ces camps s’annonce comme une tâche titanesque, à la fois logistique et humaine. Beaucoup de réfugiés sont nés au Kenya ou y ont fondé une famille. Sans compter les conditions de retour en Somalie et au Soudan du Sud, loin d’être idéales.
Source: Rfi