Devant des familles éplorées, les autorités équato-guinéennes ont rendu hommage vendredi aux victimes des explosions de Bata, en Guinée équatoriale, le président Téodoro Obiang Nguema fustigeant « l’incompétence » à l’origine de la catastrophe qui a fait plus d’une centaine de morts.
Les très puissantes déflagrations ont littéralement ravagé dimanche les édifices du camp abritant des militaires des forces spéciales et des gendarmes, ainsi que leurs familles, et éventré ou aplati d’innombrables maisons des quartiers environnants.
« Cet accident pénible causé par l’explosion de dynamites et d’autres explosifs a montré que la paix est très fragile et peut être rompue à tout moment par le comportement irresponsable, ignorant et incompétent de nos concitoyens », a déploré le président Teodoro Obiang Nguema lors de la cérémonie d’hommage au stade de Bata, la capitale économique, faisant part de sa « consternation ».
« Nous avons observé avec une impuissance totale les explosions qui ont dévasté la quasi-totalité de la ville de Bata », a-t-il poursuivi lors de la cérémonie, retransmise sur la Tvge, la télévision d’Etat.
L’inamovible président Teodoro Obiang Nguema, qui dirige ce petit pays d’Afrique centrale d’une main de fer depuis près de 42 ans, avait annoncé dès dimanche une enquête pour déterminer les responsabilités, révélant que le sinistre avait pour origine un feu d’écobuage mal maîtrisé d’un fermier à proximité des stocks d’explosifs et de munitions du camp. Il avait accusé déjà les responsables du camp de « négligences ».
– Pleurs et drapeaux en berne –
Le vice-président Teodoro Nguema Obiang Mangue, fils du chef de l’Etat, présenté comme son dauphin et surnommé Teodorin, a également assisté à la cérémonie, aux côtés de quelques dignitaires étrangers, comme la première ministre gabonaise, Rose Christiane Ossouka Raponda.
Des militaires ont porté les cercueils, surmontés du drapeau équato-guinéen, dans l’enceinte du stade, où des familles, sous des chapiteaux, brandissaient les portraits des disparus.
Sur les images retransmises par la Tvge, de nombreuses familles, vêtues de noir, ont pleuré lorsque les noms des disparus ont été énoncés.
Des dizaines de personnes étaient également présentes dans les gradins du stade. Plusieurs minutes de silence ont été observées en hommage aux disparus. Le discours du chef de l’Etat a été suivi d’un hommage religieux.
Un deuil national de trois jours, du 10 au 12 mars, a été décrété, avec les drapeaux en berne.
Le bilan provisoire officiel est de 107 morts et 615 blessés. Mercredi une fillette de cinq ans a été sortie vivante des décombres, selon la TVGE.
L’organisation internationale Human Rights Watch (HRW) a estimé mercredi que les explosions avaient fait « bien plus » de victimes et a réclamé une enquête internationale.
« Nous n’avons pas le chiffre réel et je ne sais pas si nous l’aurons. Le gouvernement, qui n’a jamais été transparent, parle de 107 décès et nous ne doutons pas que le chiffre réel atteindra 200 », a avancé à l’AFP Alfredo Okenve, militant des droits de l’homme équato-guinéen en exil en Europe.
Des images prises par des drones, et diffusées à la télévision d’Etat, témoignent de l’ampleur de la catastrophe avec des maisons effondrées, éventrées et des débris en plein milieu de la route.
Le gouvernement a débloqué dix milliards de francs CFA, soit environ 15 millions d’euros, en faveur des victimes, a rappelé le président.
Ce pays à l’économie en berne en raison de la chute des cours des hydrocarbures depuis 2014, dont elle dépend à 90%, a consacré 95 milliards de francs CFA à la Défense (140 millions d’euros) dans son budget 2020 contre 59 milliards à l’Éducation (90 millions d’euros).
Mais président et vice-président multiplient les appels à l’aide internationale pour surmonter le drame de Bata.
Plusieurs pays, comme l’Espagne, l’ancienne puissance coloniale, Israël, les États-Unis ou bien encore le Qatar, ont envoyé à Bata du personnel et du matériel médical.
La ville de Bata abrite environ 800.000 des quelque 1,4 million d’habitants de ce petit État riche de son pétrole et de son gaz, mais où la grande majorité de la population vit sous le seuil de pauvreté.
Source: La Minute Info