Alors qu’Addis-Abeba, mais aussi Moscou et Pékin répètent que le conflit dans la province est une « affaire intérieure », le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a levé le voile sur l’idée que se fait Washington d’une action plus ferme pour intervenir dans le conflit.
Quand une parlementaire l’a interrogé mercredi sur le possible envoi de soldats de maintien de la paix dans le Tigré, Antony Blinken n’a pas écarté l’idée. Pour lui, avant tout, les forces érythréennes et les milices amharas doivent partir, puis être remplacées par une force qui « ne commettra pas d’actes de nettoyage ethnique tel que nous l’avons vu dans l’ouest du Tigré ».
Cette déclaration montre que les États-Unis ne sont pas convaincus par les justifications d’Addis-Abeba et entendent augmenter la pression. Washington a d’ailleurs convoqué pour ce jeudi une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU qu’il préside sur « les conflits et la sécurité alimentaire », au cours de laquelle les diplomates américains ne cachent pas qu’ils ont l’intention d’évoquer, cette fois publiquement, l’Éthiopie.
Démission d’un ambassadeur éthiopien
Sur le terrain, la situation est toujours incertaine. Une délégation d’ambassadeurs occidentaux était en visite à Mékélé, la capitale du Tigré, mercredi. Ils ont évolué dans « une ville fantôme », selon un journaliste qui les accompagnait. Les habitants ont voulu marquer leur mécontentement en restant chez eux. Et parallèlement, l’ambassadeur adjoint de l’Éthiopie à Washington a démissionné. Dans une lettre, il a dénoncé la campagne de destruction menée par son gouvernement dans le nord du pays.
Dans le même temps, un tribunal fédéral a remis en liberté sous caution quatre dirigeants tigréens, ce jeudi. Ils avaient été arrêtés ou s’étaient rendus lors de la prise de Mekele par l’armée fédérale fin-novembre. Parmi eux figure l’ancienne présidente du Parlement, Keria Ibrahim, qui a accouché en prison.
Source: Rfi