Sénégal: le M2D, mouvement de défense de la démocratie, genèse et objectifs

AP - Leo Correa Dakar, Sénégal, le 8 mars. L'arrestation du leader d'opposition Ousmane Sonko a provoqué un mouvement de protestation qui a fait plusieurs victimes.

Au Sénégal, un deuil national a été décrété par le président Macky Sall ce jeudi 11 mars, en hommage aux victimes des récentes manifestations, qui ont fait au moins 5 morts selon un bilan officiel, 11 d’après le mouvement de contestation. Ce tout récent « mouvement de défense de la démocratie », M2D, avait auparavant appelé à l’organisation d’une journée de deuil vendredi. Une coalition composée de formations politiques et de mouvements citoyens. Comment est-elle née ? Quels sont ses mots d’ordre ?

C’était quelques heures seulement après l’arrestation d’Ousmane Sonko pour troubles à l’ordre public, le 3 mars dernier. Dans la foulée, des personnalités politiques et de la société civile annonçaient la création d’un « cadre d’unité d’action ».

Parmi les signataires : des parlementaires de l’opposition – dont Ousmane Sonko -, des leaders de mouvements politiques – Thierno Bocoum du mouvement Agir, Babacar Diop des Forces Démocratique du Sénégal… -, et des responsables d’organisations citoyennes – Aliou Sané de Y’en a Marre, ou encore Guy Marius Sagna de Frapp-France Dégage… -. Objectif : « Fédérer toutes les résistances pour faire face aux pratiques autocratiques ».

Une coalition devenue le M2D

Le mouvement se veut « large, ouvert et inclusif ». Pour le représenter, lors de ses déclarations : Aliou Sané, Cheikh Tidiane Dièye, de la plateforme politique Avenir Sénégaal bi nu bëgg, l’économiste Yassine Fall, ou encore l’ancienne ministre Ndèye Fatou Diop Blondin.

Une alliance hétéroclite, réunie autour d’une même ligne. Pour le M2D, le président Macky Sall « n’a plus la dignité morale » pour diriger le Sénégal. La coalition dénonce un « complot sordide » contre Ousmane Sonko, et une volonté du pouvoir « d’éliminer toute opposition politique ». Entre autres exigences : la libération des prisonniers « arbitrairement détenus» selon lui, et « l’ouverture d’une enquête indépendante » sur les responsables des décès enregistrés durant les manifestations. Le mouvement annonce la publication prochaine d’un mémorandum de 10 revendications.

« Nous n’avons pas vocation à être là ad vitam aeternam » assure Cheikh Tidiane Dièye, l’un des responsables du M2D. La coalition a « une mission spécifique, cadrée dans le temps et dans l’espace ». Le collectif appelle à la « synergie », et ambitionne de devenir « plus puissant » que le M23 en 2011/2012, le mouvement de contestation qui avait lutté contre un troisième mandat du président de l’époque, Abdoulaye Wade.

  Source: Rfi