« Le cancer est une affaire de tous », pouvait-on lire sur les pancartes de la trentaine de malades du cancer qui ont exprimé leur colère devant l’hôpital général de Douala le 1er mars 2021. Ils manifestent contre la fermeture, depuis le 22 février, du centre de radiothérapie de cet établissement de référence de la capitale économique. Le centre prend également en charge des patients venus de toute la sous-région, mais est très souvent en panne.
D’après une source interne à cette formation hospitalière, cette nouvelle fermeture du centre de radiothérapie se justifie par les pannes récurrentes des équipements qui devraient conduire à leur réhabilitation annoncée dans les prochains jours.
Pour une meilleure prise en charge de la maladie, effective jusqu’ici uniquement à Yaoundé et à Douala, le 30 juin 2020 le gouvernement s’est doté d’un plan stratégique national de prévention et de lutte contre le cancer, qui crée 15 000 nouveaux malades chaque année dans le pays.
Navigation à vue
« Nous menons le combat contre le cancer depuis des années, mais on naviguait à vue. On n’avait pas un programme organisé, encore moins une méthodologie bien ficelée. Cette fois-ci, nous avons élaboré un plan quinquennal allant de 2020 à 2024 », souligne le Pr. Paul Ndom, le secrétaire permanent du Comité national de lutte contre le cancer (CNLC).
Le Pr. Paul Ndom précise que ce plan poursuit, entre autres objectifs, une meilleure prise en charge des malades, la mise à disposition des équipements en vue d’une réduction de la mortalité et de la morbidité.
Ce plan prévoit une décentralisation de la lutte à travers l’implication d’autres acteurs, à l’instar des collectivités territoriales décentralisées. Car, note le Pr. Paul Ndom, « le combat contre le cancer se faisait seulement à Yaoundé et à Douala. Nous voulons toucher les autres régions du pays, les villages reculés en s’occupant de tous les cas de cancer ».
Mais le secrétaire permanent du CNLC prévient que ce plan, jugé pertinent par les experts et les partenaires, a besoin de ressources humaines et financières nécessaires à sa mise en œuvre efficace.
Dr Phanuel Habimana, le représentant-résident de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) au Cameroun, se convainc qu’une mise en œuvre effective de ce plan constitue le gage d’une lutte et d’une prévention plus accrues.
D’après l’OMS, la vaccination contre le cancer du col de l’utérus s’impose au pays, classé parmi les nations ayant les prévalences les plus élevées aux VPH dans le monde. A en croire l’organisme onusien, sur 2000 tests effectués en 2018 sur les femmes adultes, 40 % se sont révélés positifs.
Plan de lutte
Parmi les cancers les plus répandus figurent ceux du col de l’utérus et du sein. Et encore, souligne l’OMS, « ces données pourraient être largement sous-estimées du fait de la faiblesse du système national d’enregistrement des cancers ».
Constatant que les femmes consultent généralement en retard, quand la maladie a atteint la phase terminale, l’OMS a recommandé au Cameroun de vacciner les filles âgées de 9 à 14 ans. Il s’agit là, note-t-elle, de « la mesure de santé publique la plus rentable » pour lutter contre la maladie.
Même si ce vaccin ne rencontre pas l’adhésion de tous. A l’instar de la Conférence épiscopale nationale du Cameroun (CENC). « Sur la question du vaccin, nous avons des doutes. Et nous partons d’un principe logique : en cas de doute, il faut s’abstenir », explique Mgr Abraham Kome, son président.
Ce dernier précise que la CENC n’est pas contre la vaccination, mais exige une réflexion aussi bien scientifique qu’éthique du fait que le vaccin contre le cancer du col de l’utérus charrie « de manière très récurrente les angoisses et les récriminations de nos populations ».
Source: Investir Au Cameroun