Abdelmajid Tebboune avait passé près de deux mois et demi à l’hôpital en Allemagne après avoir contracté le Covid-19. Ce lundi, le président algérien s’est livré l’exercice de l’interview télévisée qu’il avait pourtant promis de faire mensuellement pour répondre au peuple algérien. Il a évoqué plusieurs sujets : les élections, le Hirak, et la relation avec la France.
Abdelmajid Tebboune est aussi revenu sur sa santé. « J’ai traversé une période très critique, c’était très difficile », a reconnu le président au début de cette rencontre avec la presse. Saisissant l’occasion, il a dénoncé les rumeurs sur sa santé « venant de pays voisins pour semer le chaos et déstabiliser l’Algérie ».
Concernant la situation interne du pays et la déception des Algériens qui souhaitaient avoir un remaniement gouvernemental profond, il a affirmé que le récent changement avait été opéré dans l’urgence pour apporter des services de base aux régions les moins favorisées. Il a aussi dit qu’il voulait éviter un changement trop brutal, car « l’Algérie est sur le point d’organiser des élections municipales et législatives ».
Abdelmajid Tebboune a affirmé que le retour des manifestations ne le dérangeait pas et que la libération des détenus du Hirak n’est pas un signe de faiblesse comme certains l’ont interprété, mais l’occasion d’ouvrir une nouvelle page pour tous.
Retour sur le rapport Stora
Enfin, le président Abdelmajid Tebboune est revenu sur le rapport de l’historien français Benjamin Stora sur la colonisation et la guerre d’Algérie. Une prise de parole qui était attendue depuis six semaines. Le chef de l’État algérien a estimé qu’il n’y aura pas de bonnes relations avec la France « au détriment de l’histoire et de notre mémoire, mais les choses se résolvent par l’intelligence et le calme et non avec les slogans. Ajoutant : Nous ne laisserons jamais tomber notre mémoire, mais nous ne l’utiliserons pas comme fond de commerce. »
Le président algérien a confirmé l’existence de bonnes relations bilatérales estimant que le président Macron « a permis d’éliminer une certaine crispation dans les positions ». Toutefois, il a dénoncé « des lobbys très puissants en France qui embrouillent ces relations ».
Pas d’envoi militaires algériens au Sahel
Le président algérien a déclaré enfin, contrairement à ce qui a été dit en France, qu’Alger n’allait pas envoyer de forces au Sahel.
« L’Algérie ne va pas s’impliquer militairement au Mali, et même si nous le décidions, quand la déclaration émane du président français nous ne le ferons pas. Nous sommes une forte puissance en Afrique, c’est une réalité. Nous avons une armée forte et nous maintenons notre influence en Afrique mais d’ici à ce que j’envoie les fils du peuple pour se sacrifier au Mali ou ailleurs, non je ne le ferai pas », a déclaré le président algérien.
« La France pense qu’elle a une mission historique dans le Sahel et elle défend ce rôle. Nous pensons différemment. Nous voulons aider à bâtir des pays avec un peu de démocratie. Nous étions les premiers à envoyer une mise en garde à la rue à Nyamey qui refuse l’élection de Bazoum. Nous sommes contre la violence. Notre présence en Afrique est naturelle, nous sommes une force régionale qu’ils reconnaissent (les Francais). Nous œuvrons pour une solution pacifique en Libye, au Mali et au Niger », a ajouté M. Tebboune.
Source: Rfi