La Libye cherche à sortir du chaos après des années de guerre fratricide entre l’est et l’ouest de son territoire. Abdel Hamid Dbeibah, le Premier ministre désigné par une plateforme nationale sous l’égide de l’ONU a soumis jeudi la composition de son gouvernement de transition. Le Parlement libyen à trois semaines pour le valider par le vote. À Misrata, ville portuaire d’où il est originaire, on attend avec impatience cette première étape qui pourrait relancer la machine économique, et notamment le retour des investissements étrangers.
Ambiance de fête à Misrata où les hommes d’affaires ont sorti leurs plus beaux costumes pour un festival populaire en ce dixième anniversaire de la Révolution.
À l’image d’Abdelali Al Taher Abdelali. Il est chargé de la presse à l’organisation des hommes d’affaires libyens. « Encore récemment, hélas, il y avait la guerre à Tripoli et Misrata a joué un grand rôle dans la défense de la capitale. Mais l’activité économique était quasiment à l’arrêt. Nos entreprises ont souffert, souligne-t-il. Désormais, nous voulons aider à relancer la machine. Misrata est l’une des plus grandes villes commerciales de Libye et en tant qu’organisation des hommes d’affaires libyens, nous voulons renforcer ce leadership dans le commerce, l’économie. Le nouveau Premier ministre est un brillant homme d’affaires de Misrata. C’est bon pour la Libye, et aussi pour Misrata.
« Misrata est ouverte à tous les pays »
Ce n’est pas Mohamed Raied, homme d’affaires bien connus de la ville et désormais homme politique qui le contredirait. Mais on se demande, parmi tous les pays ayant pris part à la guerre en soutien d’un bord ou de l’autre, qui aura la primeur sur les investissements à Misrata. « Misrata est ouverte à tous les pays, affirme-t-il. Nous serions heureux de voir des entreprises européennes, égyptiennes, tunisiennes. Il faut qu’il y ait une bonne compétition. Notre pays est une terre vierge et elle est prête à accueillir le monde entier. Mais celui qui viendra en premier aura la meilleure part. »
Il y a un pays qui est pressé de faire des affaires avec Misrata et la Libye de l’ouest en général, c’est la Turquie, le principal soutien militaire et politique de Tripoli. Sinan Kaya ne veut pas parler de géopolitique, mais le dirigeant de la branche construction du groupe turc Karanfil a de l’appétit en Libye. Son groupe vient d’inaugurer à Misrata ce qui est présenté comme l’une des plus grandes usines à béton d’Afrique du Nord. « Karanfil est en Libye depuis des années, mais la branche construction, c’est récent, explique-t-il. Alors, pour montrer ce qu’on sait faire aux Libyens, nous avons investi notre propre capital dans cette cimenterie. Ça vaut toutes les démonstrations. »
Dix millions de dollars auraient été investis sur ce terrain au sud de Misrata. D’autres domaines attirent le groupe turc. « Nous avons déjà réalisé des aéroports et récemment nous avons dessiné un projet pour Misrata, Mais c’est encore au stade de la réflexion. Par ailleurs, notre maison-mère qui a déjà 100 000 m2 dans la zone franche de Misrata souhaite désormais y créer un centre logistique international », s’enthousiasme Sinan Kaya.
Ce dernier projet aurait pour conséquence de damer le pion aux autres opérateurs étrangers, notamment européens, qui rêvaient de mettre un pied sur le grand port de Misrata, dont l’ambition est rien de moins que de devenir la porte d’entrée de l’Afrique.
Source: Rfi