C’est une culture illégale, mais le Maroc, qui est parmi les premiers producteurs de cannabis au monde, envisage de légaliser l’usage thérapeutique de cette plante. Le gouvernement se penche depuis jeudi sur un projet de loi « relatif à l’usage légal du cannabis ». L’exécutif devrait compléter et approuver le texte lors de sa prochaine réunion. C’est une culture modifiée qui devrait donc sortir de l’ombre bientôt.
Le projet de loi prévoit la création d’une agence marocaine de régulation des activités liées au cannabis. Un organe qui sera chargé de « développer un circuit agricole et industriel » dans les régions « autorisées à produire » cette plante. Aujourd’hui, la culture, la vente ou la consommation de drogue sont strictement interdites au Maroc, mais la consommation du cannabis est tolérée dans le nord du pays et sa production fait vivre dans cette région entre 90 000 et 140 000 personnes, selon les estimations.
Une étude de l’« Initiative mondiale contre la criminalité transnationale organisée » (un réseau indépendant) publiée l’année dernière évalue la production marocaine annuelle de cannabis à plus de 700 tonnes, pour une valeur de 23 milliards de dollars, soit environ 19 milliards d’euros. La légalisation envisagée de l’usage thérapeutique veut limiter la production aux volumes « nécessaires pour l’aspect médical, pharmaceutique et industriel ». Et les cultivateurs agréés devront intégrer des coopératives agricoles et vendre leur production exclusivement aux sociétés autorisées.
Selon l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), les surfaces de cannabis au Maroc ont été réduites ces dernières années, dans le cadre d’un grand programme de reconversion. Elles sont passées de 134 000 ha à 47 500 ha entre 2003 et 2011.
Cette légalisation de l’usage thérapeutique permettra au Maroc de se positionner sur un marché mondial en croissance annuelle de 30%, tiré notamment par une progression de 60% au niveau européen, d’après une note du ministère marocain de l’Intérieur. Cela permettra aussi d’ « améliorer les conditions de vie des cultivateurs et de les protéger des réseaux de trafics de drogue », selon la même source.
En décembre dernier, la commission des stupéfiants des Nations unies a retiré le cannabis de sa liste des drogues les plus dangereuses, ce qui a ouvert la voie à la reconnaissance du potentiel médicinal et thérapeutique de cette plante interdite dans de nombreux pays.
Source: Rfi