Au Cameroun, la région de l’Extrême-Nord secouée par les exactions de Boko Haram depuis 2014 va bénéficier d’un plan de reconstruction et de développement. Une doléance des parlementaires et populations de cette partie du pays.
La région de l’Extrême-Nord camerounais a payé un lourd tribut des attaques de Boko Haram tant sur le plan humain qu’économique.
Depuis 2014, ces attaques ont forcé plus de 321.000 personnes à fuir leurs communautés. D’après un rapport du gouvernement, 40.000 habitations, 128 établissements scolaires, 30 centres de santé et plus de 240 forages ont été détruits lors de ces incursions violentes.
Les recettes ont connu une baisse drastique dans au moins 6 importants postes douaniers. Le tourisme, le transport inter-régional ou encore les échanges commerciaux avec le Nigeria voisin ont tous été affectés. Des pertes chiffrées à plus 240 milliards de francs CFA.
Mais avec la baisse graduelle d’intensité des attaques depuis 2018, les autorités tentent désormais de revitaliser la région.
La reconstruction de la région de l’Extrême-Nord a été l’une des recommandations du grand dialogue national tenu en 2019 au Cameroun. Mais courant 2020, rien ne présageait de la mise en œuvre de cette recommandation.
Des élus se sont joints aux populations et au mouvement “10 Millions de Nordistes” pour faire un plaidoyer en faveur des trois régions septentrionales. Certains sont allés jusqu’à décrier ce qui parait à leurs yeux comme une forme de “discrimination”.
Une bouffée d’oxygène
Le 27 août 2020, le président camerounais Paul Biya a demandé au Premier ministre Joseph Dion Ngute d’élaborer un plan spécial pour la reconstruction de la région de l’Extrême-Nord. Puis, lors de son traditionnel discours de fin d’année le 31 décembre, le chef de l’État a annoncé “qu’il a été décidé de poursuivre la mise en œuvre des plans de reconstruction et de développement de l’Extrême-Nord”.
Une nouvelle reçue comme une bouffée d’air frais sur le terrain.
Dans la localité de Mora, au département du Mayo Sava, l’un des trois départements les plus touchés par les exactions de Boko Haram, les populations fondent de nombreux espoirs sur la reconstruction de leur région.
“Il faut d’abord panser les plaies des communautés, des victimes à travers des appuis psycho-sociaux, et inciter les jeunes à la redynamisation des activités socio-économiques”, propose Hervé Molandji, un habitant de Mora.
Oumarou Dahirou, agent d’une compagnie téléphonique dans la même localité, estime que les routes doivent être prioritaires. “Pour quitter Mora et arriver à Kousseri, on a des problèmes”, affirme-t-il.
“La construction des routes va aider au désenclavement des bassins restants et améliorer la production agricole”, soutient Seini Boukar Lamine, lamido (chef) de Kolofata, une localité frontalière au Nigeria. “Cette région repose beaucoup sur les échanges commerciaux avec les pays voisins, mais c’est également une région productrice en terme agricole et d’élevage”, ajoute-t-il sur les ondes de la CRTV, chaîne étatique.
“Il est question de capitaliser les acquis”, ajoute le gouverneur de l’Extrême-Nord, Midjiyawa Bakari.
Source: Voa Afrique