Soudan: polémique après la mort d’un homme torturé par une milice paramilitaire

AP - Hussein Malla Photo d'un soldat des Forces de soutien rapide, groupe paramilitaire soudanais, le 22 juin 2019.

C’est une affaire qui fait la Une des journaux soudanais : un homme est mort sous la torture lors d’un interrogatoire mené par les Forces de soutien rapide, une milice paramilitaire intégrée à l’armée soudanaise sous le règne d’Omar el-Béchir. Ces unités, issues des milices Janjawid, ont été maintes fois accusées de crimes de guerre au Darfour. Cette fois, le ministre de l’Information et porte-parole du gouvernement affirme lui-même que ces miliciens sont directement responsables de la mort de Bahaa el-Din Nouri. Les circonstances de sa disparition avaient déclenché une vague d’indignation à Khartoum.

« Qui a tué Bahaa el-Din Nouri ? » : dans une avalanche de tweets, de nombreux Soudanais avaient exigé que la lumière soit faite sur la mort de cet électricien de 45 ans. Il y a deux semaines, il était assis à la terrasse d’un café lorsque des hommes habillés en civil l’ont embarqué de force, dans un véhicule sans plaque d’immatriculation. 

Sa dépouille était retrouvée une semaine plus tard à la morgue d’un hôpital de la ville voisine d’Omdurman. Sa famille avait alors refusé de l’enterrer, car son cadavre portait des marques de torture. Ses proches ont obtenu qu’une nouvelle autopsie soit réalisée.   

Le porte-parole du gouvernement et ministre de l’information, Faisal Mohammed Saleh, a directement accusé les Forces de soutien rapide. Ce genre de déclaration est assez rare lorsqu’on sait que ces unités paramilitaires sont dirigées par le général Hemedti, qui est l’actuel numéro deux du Conseil de souveraineté. Ses hommes sont également accusés d’avoir dispersé dans le sang le sit-in pacifique devant le QG de l’armée, le 3 juin 2019. 

Alors que la polémique enflait dans la presse, les Forces de soutien rapide ont affirmé avoir suspendu les agents responsables de la mort de Bahaa el-Din Nouri. Mais, pour de nombreux défenseurs des droits de l’Homme, ces « brigades fantômes » agissent en toute impunité et menacent les aspirations démocratiques du pays. Bahaa el-Din Nouri était membre du comité de résistance de son quartier. Des associations locales qui avaient joué un rôle essentiel lors du soulèvement anti-Béchir.

  Source: Rfi