Dans la nuit de vendredi à samedi, plusieurs centaines de lycéens ont été kidnappés dans leur pensionnat à Kankara par une centaine d’hommes armés à moto. Cette attaque, survenue dans l’État du Katsina au nord-ouest du pays, a d’abord été attribuée aux « bandits » qui opèrent dans cette zone habituellement. La revendication de cette attaque par Abubakar Shekau leader de Boko Haram, diffusée ce mardi matin 15 décembre dans un message vocal, marque un tournant dans l’expansion du groupe jihadiste. Selon le gouverneur de l’État, les autorités seraient en discussion avec les ravisseurs.
Ces derniers mois, certains groupes implantés dans les États du Nord-Ouest auraient prêté allégeance à Abubakar Shekau, alors que d’ancien combattants de Boko Haram ou de l’Iswap, sa branche proche de l’État islamique, ont rejoint les rangs des groupes armés.
Ce rapprochement serait le signe d’une expansion inédite du groupe Boko Haram dans les régions de l’ouest du Nigeria – par l’intermédiaire d’un réseau de groupes armés locaux bien implantés. Cela pourrait aussi aller dans le sens d’un rapprochement entre groupes jihadistes, notamment entre Boko Haram et le groupe Ansaru, affilié à Al Quaida, également présent dans cette zone.
Le président Buhari critiqué
Du côté des autorités, c’est visiblement la stupéfaction. Face à la démonstration de force des jihadistes, les autorités ont livré une communication confuse, affirmant notamment être en contact avec les ravisseurs, sans préciser qui étaient leurs interlocuteurs. De plus, au moment du kidnapping, le président Muhammadu Buhari se trouvait lui-même dans la région de Katsina – dont il est originaire. Il y effectuait une visite privée qui avait été annoncée longtemps à l’avance par son cabinet.
Ce lundi soir, le gouverneur de l’État de Katsina a annoncé qu’une quinzaine de jeunes avaient été retrouvés près de la forêt de Zamfara et qu’une opération de sauvetage était en cours. Ce kidnapping de masse a été condamné par le président Buhari de plus en plus critiqué pour son impuissance face à la dégradation continuelle de la situation sécuritaire au nord du Nigeria.
Il devait d’ailleurs s’exprimer sur le sujet la semaine dernière devant l’Assemblée Nationale nigériane. Un discours qui faisait suite au massacre de 76 fermiers par Boko Haram dans l’État de Borno. Mais il n’a finalement pas honoré l’invitation des députés.
Source: Rfi