Une cinquantaine de femmes violées à la prison de Kasapa à Lubumbashi attendent toujours d’être prises en charge. Ces femmes étaient détenues dans cet établissement carcéral lors des émeutes qui ont secoué la prison les 25, 26 et 27 septembre derniers. Depuis, elles n’ont vu ni gynécologue, ni magistrat. Elles ont été abandonnées à leur triste sort. RFI a pu les rencontrer sur place.
C’est dans un petit hangar, dans leur pavillon à la prison de Kasapa à Lubumbashi, que ces femmes passent la nuit avec leurs enfants. Les cellules, où elles étaient détenues, ont brûlé, comme celles des hommes pendant les émeutes, avec la plupart de leurs effets personnels. Interrogées par RFI, elles se souviennent avec horreur de ce 25 septembre.
Quand l’émeute commence, elles sont enfermées – pour leur sécurité – dans leur aile de la prison. Mais les gardiens perdent le contrôle de la situation et les mutins forcent les cadenas, puis traînent les détenues sur le terrain central.
Pendant trois jours, elles seront régulièrement violées, certaines par une vingtaine de détenus. L’ONU dit également avoir reçu des informations crédibles faisant état des viols de garçons mineurs et de petites filles. Les victimes ne verront leur calvaire prendre fin que quand les autorités reprendront le contrôle de la prison, le 28 septembre.
Deux mois après l’horreur, personne n’est revenu sur leur sort
Depuis, elles disent n’avoir quasiment pas été prises en charge : seuls des médicaments antirétroviraux périmés et une vingtaine de kits médicaux ont été distribués. C’est trop peu et trop tard. Ces femmes risquent d’avoir contracté des maladies sexuellement transmissibles, d’être tombées enceintes et de subir des complications médicales. L’ONU, elle, déclare que les autorités avait coupé l’accès à la prison de Kasapa pendant plusieurs jours.
Aujourd’hui, deux mois plus tard, elles se plaignent de douleurs au ventre et de saignements. La plupart de ces femmes étaient et restent d’ailleurs en détention préventive. Certaines pour des infractions mineures, comme une policière d’une soixantaine d’années, détenue pour avoir perdu son béret. Ou une jeune femme qui jure avoir été enfermée suite à un conflit avec la nouvelle épouse de son père.
La campagne des 16 jours d’activisme pour mettre fin aux violences sexuelles bat son plein en République démocratique du Congo. Et étrangement, ces victimes semblent avoir été oubliées. Personne n’est vraiment revenu sur leur sort depuis deux mois. En tout cas, pas de policiers, ni de magistrats. Pas même les autorités provinciales, qui n’ont pas souhaité répondre aux questions de RFI. Les mutins, eux, ont été transférés dans une autre prison, à Likasi.
« Il n’y a pas beaucoup de moyens pour lutter contre les violences faites aux femmes »
Source: rfi