Le Soudan affirme avoir transféré l’argent destiné aux victimes des attentats contre les intérêts américains de 1998 et 2000. Al-Qaïda avait attaqué les ambassades américaines au Kenya et Tanzanie, ainsi que le navire USS Cole, faisant plusieurs centaines de morts. Khartoum a déclaré mercredi avoir transféré les 335 millions de dollars prévus pour dédommager les victimes et leurs proches.
Après ces attentats, Washington avait accusé le Soudan de complicité et inscrit le pays sur la liste des États sponsorisant le terrorisme. Une sanction qui coupe depuis lors le pays d’une partie du système financier international. Lundi, le président américain Donald Trump avait dit être prêt à lever cette sanction quand le Soudan aurait versé l’argent.
L’annonce du transfert des 335 millions de dollars d’indemnités par le gouverneur de la banque centrale soudanaise est un pas de plus vers la réhabilitation du pays. La somme doit atterrir sur un compte bloqué. Mais sa distribution aux victimes devrait se faire plus tard.
Un dédommagement discriminant
En effet, l’administration Trump doit d’abord constater l’arrivée de l’argent et en informer le Congrès. Selon Lauren Blanchard, « les élus auront alors 45 jours pour décider. La Chambre des Représentants pourrait bloquer l’accord si une résolution de veto est adoptée conjointement avec le Sénat ».
Même si elles attendent depuis plus de 20 ans, les victimes des attentats ne seraient pas forcément emballées. Sur Voice of America, leur avocat Michael Miller a expliqué qu’une majorité de ses clients rejetait ce compromis décrit comme discriminatoire, avec des compensations plus élevées pour les victimes américaines que pour les victimes africaines. L’avocat continue de demander 3 milliards de dollars de dommages et intérêts.
Bientôt sorti de la liste noire
En tout cas le retrait du Soudan de la liste des États sponsorisant le terrorisme, et l’accès du pays au système financier international, ne devrait pas survenir avant la décision du Congrès.
Le ministre soudanais des Finances a d’ailleurs prévenu mardi que l’économie du pays ne changerait pas du jour au lendemain. Toutefois, selon Hiba Mohamed Ali, dès que la sanction sera levée, les banques locales reprendront leurs relations avec le système international et Khartoum demandera au FMI et à la Banque Mondiale, un allègement de ses 60 milliards de dollars de dette.
D’ailleurs, Mike Pompeo, le chef de la diplomatie américaine a confirmé que les États Unis retireraient prochainement Khartoum de leur liste noire des États qui soutiennent le terrorisme. Il a ensuite insisté sur l’importance pour le Soudan de normaliser ses relations diplomatiques avec Israël, même s’il n’a pas établi de lien direct entre les deux sujets :
C’est la juste chose à faire, il y a eu beaucoup de travail effectué à ce sujet au cours des trois années de cette administration. Nous pensons qu’il existe une base juridique solide pour le faire et nous croyons que cela obtiendra un large consensus bipartisan, car c’est une décision juste.
Source : rfi