La justice française a ouvert une enquête contre BNP Paribas, l’une des premières banques d’Europe, pour complicité de crimes contre l’humanité, génocide et actes de torture au Soudan.
Cette enquête fait suite à une plainte déposée il y a un peu plus d’un an par deux ONG, la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme, et la Ligue des droits de l’homme, ainsi que neuf militants soudanais ayant fui leur pays. La banque française est accusée par les plaignants de ne pas avoir respecté les embargos onusien, américain et européen sur le Soudan au début des années 2000.
Pour les plaignants, les agissements de BNP Paribas au Soudan pendant la période 2002-2008 ont permis au régime de se financer et de survivre économiquement. À l’époque, le président Omar el-Béchir est engagé dans une guerre civile au Darfour, qui va déboucher sur un génocide et une série de crimes contre l’humanité condamnés par l’ONU et les grandes puissances.
Le pays est alors sous sanction et ne peut plus, en théorie, accéder aux marchés financiers internationaux. Mais pour les plaignants, la BNP a facilité l’octroi de crédits au Soudan, lui permettant aussi de vendre son pétrole et d’accéder aux marchés des capitaux.
Par son action, estime la FIDH, la BNP s’est rendue complice de génocide, d’actes de torture, de crimes contre l’humanité et de blanchiment d’argent. La justice française, qui a accepté l’ouverture d’une enquête, doit désormais déterminer notamment si la responsabilité pénale des dirigeants de la banque est engagée.
Cette plainte est la suite d’une condamnation aux États-Unis prononcée en 2014 contre BNP Paribas, reconnue coupable par la justice américaine d’avoir violé les embargos contre le Soudan, Cuba et l’Iran. La BNP avait alors accepté de payer une amende record de 8,9 milliards de dollars.
Derrière les pires atrocités, derrière les crimes de masse, il y a souvent de l’argent et la possibilité pour ceux qui commettent ces crimes d’accéder à de l’argent et des liquidités. Or, à l’époque où les autorités soudanaises étaient sous embargo, c’est précisément ce que la BNP leur a permis de faire : accéder aux marchés financiers internationaux. Grâce à l’argent et cet accès-là se pose la question de la complicité par rapport aux autorités soudanaises. Clémence Bectarte, avocate de la FIDH
Source : rfi