L’Assemblée nationale gambienne a rejeté mardi un projet de nouvelle Constitution qui empêcherait le président Adama Barrow de briguer une troisième mandat en cas de réélection, des députés de son camp ayant voté contre.
Ce projet vise à remplacer la Constitution de 1997 qui avait permis à Yahya Jammmeh, arrivé au pouvoir par un coup d’Etat en 1994, de consolider sa mainmise sur ce petit pays anglophone totalement enclavé dans le Sénégal, à l’exception d’une étroite façade côtière prisée des touristes.
Une majorité qualifiée des trois quarts des députés de l’Assemblée nationale, qui en compte 58, était nécessaire à l’approbation du texte déposé la semaine dernière par le ministre de la Justice Dawda Jallow. Mais seuls 31 ont voté pour et 23 contre.
Le débat portait principalement sur le caractère “rétroactif” de la limitation à deux du nombre de mandats, c’est-à-dire si elle s’appliquerait au premier mandat de M. Barrow, élu en décembre 2016 pour cinq ans.
Le député Saikou Marong, exclu du Parti démocratique uni (UDP), l’ancienne formation de M. Barrow, dont ce dernier s’est éloigné, pour créer en décembre 2019 son propre parti, avait prévenu qu’il voterait contre pour cette raison.
“Je suis favorable à la limitation du nombre de mandats mais je ne voterai pas pour une loi rétroactive“, avait fait valoir ce partisan du chef de l’Etat.
Au contraire, le député Momodou Ceesay, membre de l’UDP, a exhorté ses collègues à voter pour. “Seuls les Gambiens ont le droit de rejeter cette Constitution“, a-t-il affirmé, en référence au référendum qui doit parachever ce processus.
La délégation en Gambie de l’Union européenne et les ambassades américaine, britannique et allemande ont appelé lundi dans un communiqué conjoint les députés à voter pour la nouvelle Constitution.
“Afin de consolider les gains démocratiques chèrement acquis ces dernières années, il est vital pour la crédibilité de la transition actuelle vers un gouvernement véritablement démocratique que le peuple gambien lui-même puisse voter dans un referendum sur la nouvelle Constitution“.
La Commission de révision de la Constitution, instituée en juin 2018, a publié son projet en novembre 2019.
Yahya Jammeh s’était fait élire en 1996 puis réélire sans interruption jusqu’à sa défaite en décembre 2016 face à l’opposant Adama Barrow.
Après six semaines d’une crise à rebondissements provoquée par son refus de céder le pouvoir, il avait finalement dû quitter le pays le 21 janvier 2017 à la suite de l’intervention militaire d’une force régionale majoritairement composée de troupes sénégalaises et d’une ultime médiation guinéo-mauritanienne.
Source : voa afrique