Le maréchal Khalifa Haftar, l’homme fort de l’Est de la Libye, a annoncé, vendredi, la levée sous conditions du blocus imposé sur les champs et ports pétroliers par des groupes sympathisants depuis janvier.
C’est peut-être bientôt la fin d’un blocus qui dure depuis huit mois. Le maréchal Haftar a semblé donner du lest en annonçant la reprise de la production pétrolière sous certaines garanties. “Nous avons décidé de reprendre la production et l’exportation du pétrole sous conditions, à savoir une répartition équitable des revenus” pétroliers et la garantie que ceux-ci ne soient “pas utilisés pour soutenir le terrorisme” a-t-il déclaré dans un bref discours diffusé à la télévision, vendredi 18 août.
En effet, des groupes soutenus par les GIP (Gardes des installations pétrolières) qui ont fait allégeance au camp Haftar, bloquent depuis le 17 janvier les champs et les ports pétroliers les plus importants du pays, pour réclamer, selon eux, une répartition équitable des revenus pétrolier, gérés par la Compagnie nationale de pétrole (NOC) et la Banque centrale, basées à Tripoli.
S’exprimant depuis son bureau et vêtu de son uniforme militaire, le maréchal Haftar a déclaré que “le commandement” de ses forces “met de côté toutes les considérations militaires et politiques” pour répondre aux “souffrances” des Libyens et à la détérioration des conditions de vie dans ce pays qui dispose pourtant des réserves pétrolières les plus abondantes d’Afrique.
Près de 10 milliards de dollars de manque à gagner
Dans un mouvement de protestation rare dans l’est du pays, des centaines de Libyens ont manifesté la semaine dernière à Benghazi, l’un des fiefs du maréchal Haftar, et dans d’autres villes, contre la corruption et aussi les longues coupures d’électricité et les pénuries d’essence et de liquidité.
Selon les derniers chiffres de la Compagnie nationale du pétrole, ce blocage a engendré plus de 9,8 milliards de dollars (8,2 milliards d’euros) de pertes de revenus.
À Tripoli, le Vice-Premier ministre libyen du Gouvernement d’union nationale (GNA), Ahmed Maiteeq, a immédiatement assuré qu’il avait été décidé de reprendre la production de pétrole, ajoutant qu’un comité serait chargé de superviser la distribution des revenus.
Minée par les violences et les luttes de pouvoir depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi, tué à la suite d’une révolte populaire en 2011, la Libye dépend quasi entièrement de la manne pétrolière pour son économie. Mais depuis 2015, le pays est déchiré par un conflit entre deux pouvoirs rivaux: le Gouvernement d’union nationale (GNA), reconnu par l’ONU et basé à Tripoli, et le maréchal Haftar, qui règne sur l’Est et une partie du Sud.
Source : France 24