La justice belge a répondu favorablement à une demande de la famille de Patrice Lumumba de lui restituer une dent du leader congolais assassiné en janvier 1961 au Congo, a annoncé ce jeudi le Parquet fédéral belge à l’AFP. Cette dent avait été saisie dans la famille d’un policier belge ayant contribué à faire disparaître le corps -jamais retrouvé – de celui qui fut l’éphémère Premier ministre de l’ex-colonie belge après l’indépendance du 30 juin 1960.
Cette dent est l’une des pièces du dossier judiciaire ouvert après la plainte déposée en 2011 à Bruxelles par plusieurs enfants de Patrice Lumumba, exigeant que soient éclaircies les circonstances de l’assassinat. Elle va désormais « être restituée aux ayants-droit » de Patrice Lumumba, a annoncé à l’AFP Éric Van Duyse, porte-parole du Parquet fédéral.
Il a évoqué une restitution « symbolique » en l’absence de « certitude absolue » que cette dent ait bien appartenu au héros de l’indépendance. « Il n’y a pas eu d’analyse ADN sur la dent, cela l’aurait détruite », a dit Éric Van Duyse.
Mais pour la fille de Patrice Lumumba, Juliana, c’est enfin l’occasion de pouvoir enterrer son père.
« Evidemment, je suis très émue, a-t-elle témoigné au micro de Sonia Rolley. Et je pense que c’est une grande victoire. Enfin, mon père pourra rentrer et être enterré dans la terre de ses ancêtres. Symboliquement, c’est très important qu’il revienne. On pourra enfin l’inhumer. Il y aura un lieu de recueillement. »
Quant à l’ancien commissaire belge chez qui la dent a été retrouvée, elle dit croire
« qu’il l’a trouvée dans des circonstances tragiques. D’après le récit donné à une télévision belge par le commissaire Soete, qui était sur les lieux de son assassinat, après les avoir fusillés, ils ont déterré le corps, l’ont dépecé, puis l’ont dissous dans l’acide. Il a montré à la télévision belge une dent, en disant qu’il gardait cette dent de Lumumba. Ce sont des choses absolument abjectes et affreuses. Ce sont les circonstances que nous connaissons, et qui ont été rappelées par la Commission parlementaire belge sur l’assassinat de Lumumba, qui avait été faite à l’époque. Connaître notre passé, ça fait partie de notre identité, et on pourra avancer vers le futur. »
Un policier belge avait témoigné en 2000
En 2000, le policier belge Gérard Soete avait accepté de témoigner auprès de l’AFP de sa participation, quelque 40 ans plus tôt, à l’élimination du corps de Lumumba, assassiné avec deux de ses proches dans la province alors sécessionniste du Katanga, près d’Elisabethville, actuelle Lubumbashi.
« En pleine nuit africaine, nous avons commencé par nous saouler pour avoir du courage. On a écartelé les corps. Le plus dur fut de le découper », avant de verser l’acide, avait expliqué l’octogénaire, depuis décédé.
Source : rfi