Eulalie Saïsset, Benjamin Fouchard et Aiga Stokenberga, des chercheurs à la Banque mondiale (BM) viennent de publier un billet relatif aux avantages d’un système de bus rapide (BTR) à Douala, la capitale économique du Cameroun.
L’on y apprend que, dans le cadre d’un Plan de mobilité urbaine soutenable qui transformera fondamentalement le réseau de transport urbain de la ville, en commençant par la mise en place d’un nouveau système de bus rapide, les autorités camerounaises se préparent actuellement à présenter un projet de BTR au Conseil des administrateurs de la Banque mondiale en 2021. La construction de ce système de transport devrait ensuite commencer en 2022.
Pour justifier le projet, les chercheurs relèvent que Douala est une métropole ne disposant pas de moyens de transport fiables. Ce qui a un impact considérable sur la mobilité des personnes et sur leur qualité de vie. Ici, les populations pauvres sont particulièrement affectées. « Alors que la ville s’étend le long du fleuve Wouri, la population croissante, allant et venant, exerce en effet une pression grandissante sur les infrastructures de transport. Le réseau de bus est ainsi inefficace et représente moins de 1 % des déplacements. Les embouteillages s’intensifient au fil des années. Les infrastructures routières font défaut dans de nombreuses parties de la ville. Dans ce contexte, les Doualais [habitants de Douala] sont contraints de se reporter sur la marche à pied, les taxis ou les modes de transport informels tels que les mototaxis, qui restent considérés comme peu sûrs et onéreux. », écrivent les chercheurs.
A les en croire, avec le BRT, un résident moyen de Douala aura accès à deux fois plus d’opportunités d’emploi. Le progrès sera d’autant plus remarquable pour les personnes pauvres car, elles verront leur accès à l’emploi augmenter jusqu’à 138 %, une fois le BRT mis en service.
Le projet entraînera également des améliorations majeures dans l’accès aux services. La part des Doualais ayant accès à un hôpital public en 45 minutes devrait passer de 43 % à 58 %. 45 000 jeunes supplémentaires en âge d’étudier pourront accéder à une université publique en 45 minutes.
Dans le scénario du projet, la part des femmes pouvant accéder à un marché en moins de 45 minutes augmentera de 71 % à 80 %; facilitant ainsi le quotidien de nombreuses femmes vivant pour la plupart dans les quartiers périphériques mal desservis.
Enfin, les chercheurs estiment que le temps passé dans les transports publics formels diminuerait en moyenne de 88 minutes à 71 minutes par personne et par jour; cette réduction atteignant 31 minutes dans les zones périurbaines les plus pauvres. Si l’on évalue la valeur du temps comme égale à la moitié des revenus, ce gain représenterait à lui seul une économie d’environ 1,6 % du PIB de la ville par an.
Source : Investir au Cameroun