Sénégal: les mines antipersonnel continuent de faire des victimes en Casamance

RFI/William De Lesseux Des centaines de mines ont été découvertes par Handicap International en Casamance. En métal, en plastique… leur constitution et leur origine varie mais ne permet pas de déterminer qui du MFDC ou de l’armée l’a posée.

Trois incidents ont eu lieu ces dix derniers jours alors que les opérations de déminage connaissent un ralentissement.

 Lundi, deux militaires ont été tués et deux autres blessés dans l’explosion d’une mine anti-char au passage de leur véhicule. Le week-end dernier déjà, huit soldats avaient été blessés. Ces mines sont les séquelles du conflit avec les rebelles indépendantistes ces dernières décennies. À la faveur de l’accalmie, les populations ont commencé à rentrer dans certaines zones, accompagnées par l’armée. C’est dans ce cadre que se sont produits les récents incidents, qui montrent que le déminage de la Casamance reste un défi pour le pays.

Après ces incidents, le ministère des Forces armées a indiqué que les opérations d’accompagnement du retour des populations se poursuivraient normalement, « conformément aux objectifs fixés ».

1,2 million mètres carrés de terre environ restent aujourd’hui à déminer en Casamance, selon le Centre national d’action antimine du Sénégal, qui dépend du ministère des Affaires étrangères. Dakar, signataire de la convention d’Ottawa, s’est engagé après plusieurs reports à terminer les opérations de déminage d’ici mars 2021. Mais ce délai ne pourra pas être tenu, reconnait le colonel Bahram Thiam, directeur du centre, car actuellement, les opérations sont suspendues à cause de la pandémie de coronavirus : « Avec l’accord de toutes les parties qui sont impliquées dans le conflit en général. Mais tout le monde sait qu’avec les aléas et le fait que le Sénégal ne soit pas en train de faire le travail post-conflictuel, on ne peut pas nous demander d’aller vite en besogne. »

 Les opérations ne pourront pas reprendre durant la saison des pluies qui débute. Sarany Diatta, président de l’Association sénégalaises des victimes de mines, redoute d’autres incidents : « C’est souvent pendant l’hivernage que nous enregistrons le plus d’incidents parce que c’est durant cette période que les populations s’activent le plus dans les anciennes terres. La récolte des noix d’anacarde vient d’être écoulée donc ce sont des situations qui nous replongent dans l’incertitude totale et qui justifient la nécessité de poursuivre les activités de déminage. »

Un appel relayé par l’organisation Humanité et Inclusion (ex-Handicap International), qui a dû arrêter ses opérations de déminage en mars dernier, faute de financements.

 

   SOurce: rfi