L’audit du ministère de la Défense date certes du 17 février dernier, mais on en connait désormais les détails, grâce aux révélations du site internet Mondafrique qui s’est procuré le document de 53 pages dont seules quelques feuilles avaient jusque-là fuité.
Le manque à gagner pour l’État nigérien s’élève à 76 milliards de FCFA soit plus de 110 millions d’euros, pour la seule période comprise entre 2014 et 2018, période ciblée par l’audit.
En cause, révèle le site Mondafrique, des surfacturations mais aussi des dizaines de contrats qui n’ont pas été honorés : pas de livraison ni de service rendu, alors que les fournisseurs ont partiellement ou en totalité été payés.
À titre d’exemple, on peut citer le marché destiné à l’achat d’un système de protection anti-missile pour l’avion présidentiel. Le contrat a été conclu en 2015. Plus de quatre millions d’euros ont été payés à la société signataire, un faux bon de livraison et un faux procès-verbal de réception ont été retrouvés, le dispositif lui n’a jamais été installé sur l’appareil.
Les enquêteurs dénoncent aussi des contrats passés pour la maintenance d’hélicoptères, ou encore une commande jugée inopportune de 154 camions.
Aucun politique ni responsable du secteur de la défense n’est nommément pointé du doigt. En revanche, les principaux bénéficiaires de la fraude sont des fournisseurs proches du pouvoir. Les deux plus importants sont Hima Aboubacar, dit Petit Boubé, un milliardaire qui concentre à lui seul la majorité des dossiers visés. En seconde position figure Aboubacar Charfo, lui aussi épinglé pour surfacturation et matériel non livré.