L’économie chinoise s’est contractée au premier trimestre pour la première fois depuis au moins 1992, alors que l’épidémie de coronavirus a paralysé la production et la consommation, accentuant la pression sur Pékin pour qu’il engage des mesures supplémentaires pour contrer les effets de la crise sanitaire.
Le produit intérieur brut de la Chine a chuté de 6,8% en rythme annuel sur la période janvier-mars, montrent des données officielles publiées ce vendredi 17 avril. Un déclin supérieur au chiffre attendu de -6,5% après une croissance de 6% au quatrième trimestre 2019.
La Chine n’avait pas connu une telle décroissance annuelle depuis la fin de la révolution industrielle, rapporte notre correspondant à Pékin Stéphane Lagarde. Il s’agit de la conséquence directe des mesures de restrictions mises en place pour arrêter le coronavirus : pendant plus de deux mois, les mégalopoles chinoises ont été totalement ou partiellement paralysées, la production à l’arrêt.
Alors que la Chine est parvenue à rouvrir une grande partie de l’économie après sa paralysie en février, les analystes estiment que les décideurs à Pékin ont devant eux un immense défi pour revigorer la croissance économique alors que l’épidémie de coronavirus pèse lourdement sur la demande mondiale.
Et ce d’autant que les Chinois continuent de limiter leurs déplacements et donc leur consommation, en dépit d’une amélioration des conditions sanitaires ces dernières semaines, par peur d’attraper le virus.
Trente millions de pertes d’emploi attendues
Selon des données publiées séparément ce vendredi, la production industrielle chinoise a décliné plus qu’attendu en mars en rythme annuel, à -1,1%, tandis que les ventes au détail ont chuté de 15,8% sur la même période. Les investissements en capital fixe ont quant à eux poursuivi leur repli, de 16,1% depuis janvier, rappelle Stéphane Lagarde.
La consommation reprend doucement, explique notre correspondant, et les chaînes de montage attendent désormais les commandes, là aussi stoppées par la pandémie qui frappe l’Europe et l’Amérique du Nord.
Des analystes s’attendent à ce que la crise sanitaire provoque cette année plus de 30 millions de pertes d’emploi en Chine, où les propositions d’embauche ont chuté de 27% au premier trimestre. Pékin a promis d’augmenter les dépenses budgétaires pour limiter les effets économiques de l’épidémie, alors que le chômage menace la stabilité sociale. La deuxième économie mondiale, sonnée par le coronavirus, devrait mettre un peu de temps à se relever : le FMI annonce un rebond de la croissance chinoise pour l’année prochaine.
Pékin a par ailleurs annoncé ce vendredi un nouveau bilan de la pandémie. Ce sont finalement 4 632 personnes qui ont été tuées des suites de la pneumonie virale Covid-19 dans toute la Chine.
Source : rfi