Depuis son exil parisien, Guillaume Soro, 47 ans, lance des fléchettes empoisonnées à son allié d’hier. L’ancien président de l’assemblée nationale ivoirienne, candidat déclaré aux élections présidentielles d’octobre 2020, n’en démord pas: « Alassane Ouattara est en train de procéder à une entourloupe digne de Vladimir Poutine quand, en 2008, ce dernier s’est fait remplacer par Dmitri Medvedev à la tête de la Russie avant de revenir à la présidence en 2012 », déclare-t-il dans un entretien avec le quotidien français Le Figaro.
Exilé depuis la fin décembre suite à un mandat d’arrêt émis à son encontre pour atteinte à la sécurité de l’Etat alors qu’il survolait l’aéroport international Felix Houpheït Boigny d’Abidjan, le leader de Générations et Peuples Solidaires (GPS) compare le projet du président ivoirien de changer la constitution par voie parlementaire à un coup de force.
« C’est un coup de force pour deux raisons. D’abord, pareille réforme exige normalement un long dialogue préalable avec le peuple, puis la formation d’une assemblée constituante qui planche sur la rédaction d’une nouvelle loi fondamentale. Deuxième raison : le règlement de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), à laquelle appartient la Côte d’Ivoire, interdit de modifier une constitution six mois avant la date d’une élection présidentielle. Ce sera pourtant le cas puisque la nouvelle loi fondamentale devrait être adoptée par le Congrès ivoirien au printemps et que le scrutin doit, en principe, avoir lieu le 31 octobre suivant ».
Bref, aux yeux de Guillaume Soro, « Alassane Ouattara veut propulser son actuel premier ministre, Amadou Gon Coulibaly, à la présidence et se réserver la possibilité que ce dernier le nomme ensuite vice-président, poste créé par la révision constitutionnelle ». Pour l’ancien leader de la rébellion ivoirienne, ni les anciens présidents Henri Konan Bedié, 86 ans, et Laurent Gbagbo, 75 ans, ni aucun leader de l’opposition ne veut être « complice » de cette « manoeuvre grossière ». Et d’estimer que le président Ouattara ne dispose pas d’ailleurs de la majorité qualifiée au Congrès. « Il est inacceptable que 70 % des jeunes de moins de 35 ans soient aujourd’hui au chômage et que 46 % des Ivoiriens vivent, selon la Banque mondiale, avec moins d’un dollar par jour », sermonne celui qui fut premier ministre et président de l’assemblée nationale, se démarquant d’un héritage dont il ne veut, visiblement pas, assumer sa part.
Source : Financial Afrik